jeudi

Back to Reality (2&3 mai 2011)

     Nous arrivons le dimanche soir chez Michael après 10 longues heures de traversée en ferry. Pour l’avant-dernière soirée en Australie, il nous invite à manger avec eux. C’est l’occasion de prendre la petite famille Nash au complet. Le lendemain, la grasse matinée s’impose, suivie de la dernière journée australienne. Nous préparons nos sacs, fermons notre compte en banque, bouclons les derniers préparatifs avant le départ. Chaque action faite, chaque lieu visité, a une saveur particulière car nous savons que nous le faisons pour la dernière fois. Le lundi soir, nous décidons d’aller prendre un dernier verre dans un pub de Brunswick en compagnie de quelques amis que nous avons rencontrés sur Melbourne : Sarah, Jess, Bastien, Bryant et bien sûr Michael. Nous arrosons dignement nos derniers souvenirs dans l’île à grands coups de pintes au houblon. Et puis vient le moment des « au-revoir ». Nous donnons rendez-vous en France à tous ceux qui veulent venir y passer un moment, avant de nous séparer. La dernière nuit avant de prendre l’avion est très courte : nous devons être à l’aéroport de Melbourne à 5h30 pour l’embarquement. Heureusement, Michael nous y dépose au petit matin. Première partie du vol : 10h vers Seoul où nous faisons un arrêt d’une nuit dans un hôtel proche de l’aéroport. Puis le lendemain, dix nouvelles heures de vol pour atterrir à Charles De Gaule à Paris.

La Famille Nash : Lenny, Amilia et Michael

De Gauche à Droite : bastien, Guillaume, Bryant, Sarah, Quentin, Jess




     Nous savons qu’il est maintenant temps de clore ce chapitre, de sortir de la bulle temporelle dans laquelle nous étions entrés pour retourner à la réalité. C’est un peu comme se réveiller après un rêve qu’un long et paisible sommeil vous a apporté. Nous sommes arrivés dans un pays possédant une culture, une langue, une faune/flore, un paysage largement différent des nôtres. Nous avons revisité le mot voyage dans ce pays-continent où l’échelle spatio-temporelle bouscule nos habitudes européennes. L’absence de repères devient une source de bonheur, d’exaltation difficile à retranscrire. Chaque chemin pris est une invitation à l’inconnu, à quelques trésors cachés qu’il nous faut découvrir. Peu de fois dans nos vies nous avons pu faire l’expérience d’une liberté comme celle dans laquelle nous baignons depuis que nous nous sommes posés pour la première fois à Melbourne le 16 Septembre dernier. Cette aventure nous aura à tous les deux apporté et gravé profondément d’incroyables souvenirs dans nos mémoires. Nous penserons toujours aux endroits magnifiques, aux galères dont on a du se sortir (merci au bon vieux système D !) et aux bons moments dont on s’est délectés, puis surtout à toutes les personnes que nous avons croisées tout au long de la route. Tous ces gens rencontrés, que nous avons cités ou non dans nos textes, venant d’horizons aussi différents qu’enrichissants ont été des moments de vie incroyables. La générosité, la façon de vivre ou encore l’attitude décontractée des australiens en règle général sont des sources d’inspiration à plus d’un titre (pas étonnant que leur expression favorite soit « no worries »). Cette expérience à l’autre bout du globe a également été l’occasion d’un voyage introspectif. C’est une manière de prendre du recul sur soi-même, d’avoir le temps de réfléchir à ce qui est important pour nous, vers où nous voulons nous diriger. Toutes ces banalités prennent tout leur sens dans ce contexte et s’avèrent tellement vrai.

       Nous espérons revenir grandis – ou au moins changés - par cette extraordinaire expérience. Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage … Alors, il n’y a pas vraiment de tristesse à en voir la fin. Elle ne fait qu’annoncer les nouvelles aventures vers lesquelles nous mettons maintenant les voiles !! 

lundi

The land of ABC (17 avr. - 1er mai 2011)

 
Devonport, Tasmania State, Australia

 

      Nous abordons maintenant la dernière étape de notre périple australien en nous dirigeant vers la Tasmanie, île au Sud du continent australien et Etat à part entier. Pour éviter de longues heures de marche à travers la ville, Michael nous dépose au port de Melbourne où nous prenons le ferry : le Spirit of Tasmania II. Dix longues heures de navigation à bord de ce navire plutôt luxueux nous amène à une ville tout au Nord de la Tasmanie : Devonport. Nous n’avons que dix jours devant nous pour voir les paysages de l’île, nous planifions alors d’aller au lieu le plus connu de cet Etat : les Cradle Mountain (montagnes du berceau). Avant de commencer à faire du stop – ou au moins à chercher un endroit ou monter la tente pour le soir même car le soleil se couche déjà quand nous arrivons au port – nous allons acheter un peu de nourriture, la plus légère et nourrissante possible. Evidement, notre choix se porte sur une combinaison de couscous – saucisson – cacahuète. Le repas du randonneur. Cependant, un premier imprévu surgit déjà au supermarché : nous rencontrons Lisa, adolescente de 16 ans, qui vient nous parler parce qu’elle fait le projet d’aller voyager en Europe dans quelques temps. Après avoir fait plus ample connaissance, elle et sa mère, Trish, nous invitent à passer la nuit chez eux ! Nous faisons alors la connaissance de cette petite famille qui est habituée à accueillir des backpackers. Ils nous racontent que quelques années plus tôt une allemande, partie pour rester une semaine chez eux, y est restée finalement sept mois alors qu’elle avait un travail à Devonport. Ils sont quatre à vivre dans la maison : Lisa et Rowa (12 ans) les feux filles, Trish et John, les parents. Nous leur parlons de notre projet d’aller aux Cradle Mountain et John se propose de nous déposer le lendemain au meilleur spot pour fait du stop aux abords de la ville. Avant de nous en aller, ils nous proposent de revenir juste avant notre retour à Devonport pour prendre le ferry à nouveau, de passer la dernière nuit chez eux afin que nous leur racontions les histoires de notre périple en Tasmanie. Le rendez-vous est pris ! La première rencontre avec les gens de l’île s’avère extrêmement sympathique ! 

Le Spirit of Tasmania II

 De Gauche à Droite : John, Rowa, Trish et Lisa McPhee (Belle, c'est le chien)

            Le vendredi matin, nous commençons donc à faire du stop le long de la route vers les Cradle Mountain. Après peu de temps, nous sommes pris dans la voiture de Beck, qui nous dépose à Sheffield, 20 kms plus loin. Nous profitons de cet arrêt pour découvrir un festival de peintures murales qui a lieu tous les ans dans cette bourgade. Nous découvrons la peinture du vainqueur de l’année précédente (exposée jusqu’au prochain concours) mais nous ne pouvons pas assister à la nouvelle compétition qui ne commence malheureusement que le lendemain. Ce n’est pas grave, nous poursuivons notre chemin d’auto-stoppeurs vers les plus hautes montagnes de Tasmanie. Nous parvenons, après avoir été pris par trois autres automobilistes, près du centre d’information de ce lieu touristique le vendredi même. La route est empruntée par nombre de voitures, puisque nous sommes au début du Easter, week-end de cinq jours, au beau milieu des vacances scolaires. Nous avons de la chance ! Cependant, le temps n’est pas vraiment ensoleillé : il pleut en permanence dans ces montagnes (il commence même à neiger dans certains endroits) et la température nous gèle les orteils. Nous nous informons sur les modalités du chemin de randonnée le plus connu d’Australie : l’Overland Track qui traverse les Cradle Mountain et qui demande dix jours de treck pour être parcouru. A notre plus grande surprise, il faut payer $150 chacun pour avoir le droit de randonner, en plus du passe d’entrée dans les parcs nationaux de Tasmanie. De plus, il ne nous faut pas longtemps pour nous rendre compte que le mauvais temps n’est pas du tout approprié avec le pauvre matériel dont nous disposons. Nous devons nous rendre à l’évidence : nous ne ferons pas cette randonnée que nous avions prévue. Le premier changement de plan survient déjà. Nous nous replions sur quelques pistes plus courtes. Sous la pluie, nous faisons donc le tour du Dove Lake, immense lac situé sous la montagne dont la forme a donné le nom à toute cette zone, et nous passons deux nuits au camping du site.  Nous y profitons du feu de bois et des douches chaudes, où d’ailleurs un des nombreux possums vient nous rendre visite alors que nous sommes en train de nous laver. Ces petits marsupiaux ne sont absolument pas peureux et n’hésitent à venir fouiller dans votre sac la nuit, en quête de nourriture (une boite de cacahuète a failli y passer, récupérée in extremis)
            Au bord d’un feu de cheminée réconfortant, nous rencontrons Arthur, Allemand qui s’apprête, mieux organisé qu’il est, à parcourir l’Overland Track, même s’il a repoussé le temps de son départ à cause la pluie. Nous restons parler de longues heures avec lui, nous partageons nos expériences. Parmi les siennes, il y a la rencontre de deux personnes très aimables qui font du woofing (c'est-à-dire qu’on travaille pour heure quelques heures par jours et en échange ils nous hébergent et nous offrent à manger) dans des forêts dans le Nord de l’île, près de Deloraine : Tim et Maggie. Tim semble en savoir énormément sur la faune et la flore de Tasmanie et l’idée d’aller passer deux ou trois jours chez eux nous vient. Sur la route pour leur maison, il y a d’ailleurs un parc national : le Mole Creek Karst National Park, qui contient quelques grottes calcaires, sont les Grottes du roi Salomon, que l’on peut visiter. Parfait ! Voila notre nouveau plan : Nous allons visiter ces grottes karstiques, nous nous arrêtons quelques jours faire du woofing avec Tim et Maggie (Arthur nous donne leur numéro) puis nous mettons cap sur le Nord est de la Tasmanie, vers la Bay of Fires (baie des feux) qui recèle des plages magnifiques, les plus belles de cette Etat parait-il. Le lundi matin, le temps est au beau fixe, les nuages se sont dissipés. Arthur est parti faire sa randonnée, et après avoir pris enfin une photo de la montagne en berceau (non couverte de nuages), nous nous mettons en route. Après environ 6 secondes de stop, nous nous faisons prendre en stop par – accrochez-vous – un ta … wait for it … xi !!! Et oui, pris en stop par un taxi, ça peut arriver en Tasmanie. Nous allons simplement faire une petite course avec lui et il nous dépose ensuite sur la route pour les King Solomon Caves. Le pilote est un vieil homme, ainsi militaire dans la Navy, sous-marinier ayant fait le tour du monde plusieurs fois pendant son service, et ancien membre des forces spéciales du SAS où ces connaissances en explosifs étaient, nous dit-il, appréciées. Une fois sa carrière terminée, il nous dit qu’il avait « assez voyagé » et qu’il s’était posé passer sa retraite en Tasmanie. Mais ne rien faire n’était pas un style de vie qui lui convenait, c’est pourquoi il a acheté un taxi et qu’il le conduit pour son nouveau travail. Nous nous délectons de son histoire le long de la route, puis il nous dépose à une vingtaine de kms des grottes. Nous marchons encore un peu, jusqu’à un point de vue en haut d’une colline donnant un magnifique panorama des environs, où nous nous faisons prendre en stop par un jeune radiologiste en voiture de sport (décidemment, c’est la journée des voitures inhabituelles pour le stop), qui nous dépose à la nuit tombée juste devant les grottes. Nous passons la nuit ici, en attendant le lendemain, de visiter ces formations, créées par le travail des rivières souterraines dans une roche facilement soluble : le calcaire.

Vainqueur du festival de peintures murales 2010


 Les Craddle Mountain (la forme en berceau leur a donné ce nom)

Arthur ! Pas changer assiète pour fromage. Ahah ! Biographie !

            Nous nous levons aux aurores le lendemain matin et attendons l’ouverture de la visite guidée dans les karsts. Nous apprécions la visite, entourés de stalactites et stalagmites de toutes parts. La rivière qui a contribuée à les creuser est maintenant asséchée et nous pouvons marcher dans son lit. La grotte a été découverte au début du 20è siècle et a été aménagée plusieurs fois avant de devenir ce qu’elle est aujourd’hui (par exemple, les premières installations lumineuses avaient sensiblement augmenté la température de la grotte et permis la colonisation par des nombreux champignons, problème auxquels ils ont remédiés maintenant). Après la visite, nous jetons à nouveau nos sacs sur nos dos et faisons du stop jusqu’à Deloraine. Là, nous tentons d’appeler Tim et Maggie. Cependant, Damned ! Arthur semble avoir oublié un chiffre en recopiant le numéro. Impossible de joindre le couple pour aller faire du woofing. Tan pis ! Changement de plan : nous allons directement vers la Bay of Fires, en passant par la seconde plus grosse ville de Tasmanie : Launceston. Après avoir visité rapidement la bourgade de Deloraine, nous faisons à nouveau du stop. Une femme s’arrête après quelques minutes. Sa voiture est extrêmement petite et il y a à peine la place pour nos sacs et nous-mêmes dedans. La remarque de Quentin en voyant le véhicule arrivé a d’ailleurs été « C’est mort, trop petit », pourtant nous avons eu de la chance que cette voiture passe par ici ! Avec un peu d’organisation, nous finissons tant bien que mal, serrés au possible, par nous glisser à l’intérieur. Cette femme s’appelle Hillary, elle est photographe, et revient justement des Cradle Mountain où elle a passé le week-end en randonnée pour « capturer la lumière » comme elle nous dit. Après quelques minutes de discussion, elle nous avoue qu’en ait elle ne va pas à Launceston mais à Hobart (capitale de la Tasmanie, située à l’extrême Sud de l’île) mais qu’elle va faire un détour pour nous. Nous nous regardons rapidement, et nous prenons rapidement une décision silencieuse. Nouveau changement de plan ! « Ok, on va aller à Hobart avec vous ! » dit-on à Hillary. La décision la fait rire et elle accepte de nous déposer dans le Sud. Elle nous propose même de rester la nuit dans une de ces chambres d’amis, sur la Tasman Peninsula. Nous acceptons. C’est parti pour quelques heures de route. Notre voyage prend vraiment une tournure inattendue !

 
Stalactites de la grotte du roi Salomon

            Nous arrivons à la tombée du jour chez Hillary, qui habite une incroyable maison d’architecte sur les pentes d’une colline de la tasman Peninsula, après être passé acheter quelques légumes à un marché de la capitale. La vue de sa terrasse est splendide, donnant sur l’océan du sud et sur une lagune juste en avant. Nous passons la soirée à manger un repas délicieux qu’elle nous a préparé, agrémenté de bouteilles de vin, à discuter de photographie (nous découvrons son travail, exposé dans plusieurs villes australienne, celui de ces amis et de ces photographes préférés). Nous parlons aussi de musiques et partageons nos goûts. Nous parlons de conservation et du travail remarquable de l’Australie dans ce domaine. Bref, les sujets son variés, tous extrêmement intéressants. Hillary est d’une nature très ouverte et généreuse et ce fut une joie immense de partager une soirée avec elle dans cet endroit idyllique (i-y-i). Elle nous parle, entre autre choses, d’un lieu splendide sur la côte est, nommé Freycinet national Park, un parc national sur une péninsule, où il est possible d’aller marcher plusieurs jours et de camper à certains endroits. Il ne nous en faut pas plus, vu le temps superbe que nous avons maintenant au-dessus de nos têtes, pour nous décider. Nouveau plan : nous remontrons la cote est et nous nous arrêterons randonner quelques jours dans ce parc national. Nous passons une nuit agréable chez elle, au chaud. Le lendemain matin, nous prenons un petit déjeuner sur sa terrasse, observant le soleil se lever lentement sur la lagune. Ô bonheur ! Hillary nous dépose à un endroit où nous faire prendre en stop ne devrait pas poser de problèmes. Nous attendons quand même une heure et demie avant qu’un pompier, terminant son service de nuit, nous dépose à une ville 10 kms plus loin. Mais bien que nous n’aillons pas eu beaucoup de chance pour ce début de journée, nous avons été outrageusement chanceux par la suite. Nous rencontrons en effet James et Allana qui nous prennent en stop et qui, comme nous, vont au Freycinet National Park. Nous n’avons donc aucune difficulté à parcourir les près de 200 kms qui nous en sépare. Nous arrivons donc le mardi midi dans ce parc et nous commençons notre randonnée. Nous prévoyons de camper deux nuits dans le parc avant de nous diriger vers la Bay of Fires. Et, une fois, n’est pas coutume, c’est effectivement ce qui arriva. Aucun imprévu ne survint durant ces trois jours, le temps était superbe, nous avons pu avoir une vue magnifique sur la célèbre Wineglass Bay (baie du verre de vin !), nous avons marché à travers l’isthme de la péninsule, jusqu’à la Hazards Beach puis jusqu’au sud du parc, à Cooks Beach, où nous sommes arrivé alors que le soleil se couchait. Perdus au fin fond de ce parc, camper sur cette plage était un moment de détente et de sérénité unique. Le lendemain, après avoir à nouveau apprécié un vue splendide pour le petit-déjeuner, nous partons sur une nouvelle track. Une erreur de fléchage nous amène sur le mont Freycinet (alors qu’on voulait rejoindre le mont Graham, mais qu’importe, la vue était superbe d’en haut. Des nuages s’accrochaient aux sommets et formaient une mer cotonneuse juste au-dessus l’océan qui venait buter sur les falaises de la péninsule. Grandiose ! Nous avons même pu enfin côtoyer notre premier wombat de près, occuper qu’il était à manger paisiblement sur la plage à deux pas de nous. Nous avons dormi ensuite une nouvelle fois au même endroit, sur Cooks beach et le jeudi matin nous avons entamé notre dernière marche pour sortir du parc et nous diriger vers la dernière étape du voyage.

Repas devant la cheminée d'Hillary.


 
La tente est posée à Cooks Beach !

Vue du haut du Mont Freycinet

  Wineglass Bay, cible préférée des photographes de Tasmanie.

 Quentin escalade la Track du mont Freycinet

 C'est beau ... trop beau.
            C’est en faisant du stop juste après avoir fini notre randonnée que Nathan et Kate nous prennent en stop dans leur van. Légalement parlant, nous n’avions pas le droit de monter à l’arrière, ces places n’étant pas du tout faites pour accueillir des passagers mais simplement pour dormir quand le van est à l’arrêt. Dans un premier temps, cela ne posait pas de problèmes puisque nous avions juste demandé à ce couple de nous déposer près du point d’information où nous pouvions prendre une douche. Mais, apprenant qu’ils se dirigeaient vers Bay of Fires tout comme nous, nous demander s’ils peuvent nous y emmener. Pas de problèmes pour eux, à condition qu’on se planque si on croise la police. C’est parti, nous parcourons les 150 kms suivant en ayant attendu seulement 5 min à faire du stop. Sur la route, nous les suivons dans les points où ils avaient décidé de s’arrêter : Binalong Bay, plusieurs plage remarquables ainsi que dans une brasserie : la Iron House, où, avec eux, nous allons déguster gratuitement plusieurs échantillons de bières qui sont produite sur le site même. Et ces bières étaient vraiment excellentes ! C’est donc une bonne surprise et une chance inouïe d’avoir rencontré ces deux personnes, originaires de Melbourne, que nous recroiserons plus tard dans notre voyage. Ah ! les coïncidences ! Le jeudi soir, nous arrivons le long de Bay of Fires, où nous mettons un certain temps à trouver ce que Nathan appelle « le bon spot ». Pour lui, il n’y a rien de plus important que de prendre le temps de choisir l’endroit où on s’arrête, parce que le matin, avoir une belle vue est primordiale. Nous le suivons donc dans son choix pointilleux et exigeant jusqu’à trouver le coin idéal : il a garé son van sur un promontoire rocheux, juste au-dessus de l’eau, où il n’y avait pas beaucoup plus que la place du van pour se poser. Il y est quand même parvenu. Nous avons déplié notre tente non loin de leur emplacement. Les feux de camps étant autorisés dans cet endroit, nous ne nous sommes pas privés et avons passé la soirée autour des flammes, à parler du voyage en Australie, à retracer notre parcours, non sans un brin de mélancolie. Nous le savons, la fin de l’aventure approche à grands pas.

 Kate et Nathan !

            Le lendemain, nous avons donc eu une vue imprenable sur les plages blanches de Bay of Fires. Nous avons marché quelques temps sur le sable, les yeux dans l’eau, afin de profiter de la vue voisine des rocs. Ce qu’il y a de plus étonnant dans cette baie est certainement la présence des lichens orange sur tous les rochers. Leur couleur est vraiment très prononcée et immanquable. Nous repartons le vendredi midi avec Nathan et Kate vers le point du vue le plus au nord de la baie, puis ils nous ont déposé dans la petite ville de St Helens, d’où nous voulions faire du stop afin d’être le lendemain à Devonport pour honorer notre promesse et aller raconter nos histoires à John, Trish, Lisa et Rowa. Cependant, faire du stop dans cette bourgade, dans ce « woop-woop » comme disent les australiens, ne s’est pas avéré être quelque chose de facile et après trois heures et demie d’hitchhiking infructueux, nous montons la tente aux abords de ce bled. Il ne nous reste alors plus qu’une solution pour être sûr d’atteindre Devonport à temps : prendre le bus. C’est ce que nous faisons, d’abord jusqu’à Launceston, où hasard des hasards, nous rencontrons deux français dont nous avions fait la connaissance huit mois plus tôt dans le backpacker de Melbourne avant d’acheter notre van, puis de Launceston jusqu’à Devonport. A nouveau dans la ville où l’aventure en Tasmanie a commencé, nous passons la dernière soirée avec la famille McPhee et nous racontons à peu près tout ce que nous venons de vous écrire ici. Nous partageons une soirée chaleureuse et un repas excellent, parlé de nos expérience de voyage à Lisa pour qu’elle se fasse une idée de ce qui l’attend quand elle partira pour l’Europe dans un an ou deux. Le dimanche matin, John nous dépose devant le Spirit of tasmania II pour une nouvelle traversée jusqu’à Melbourne où nous retrouvons Michael et sa famille pour la toute dernière ligne droite avant le retour en France.

La plage de Bay of Fires (Les deux points c'est Kate et Nathan qui marchent pépères)

 Bay of Fires au coucher du soleil


mardi

Such is life (14 mars - 16 avr. 2011)

 
 Falls Creek, Victoria state, Australia

      Lundi matin 10h, il est temps de décoller de chez Michael et de prendre la route pour un trajet de près de cinq heures de temps. Au préalable, un arrêt à la fac s’impose pour récupérer du matériel et prendre au passage Manaswini, jeune femme hindoue en thèse dans le même département de recherche que nous, avant d’aller faire les courses pour la semaine de terrain. Vers mi-chemin de Falls Creeks, nous nous arrêtons à Milawa, petite bourgade qui fait apparemment un jus de pomme exquis et possède une fabrique de fromage qui n’aurait rien à envier aux fromages français… Nous sommes curieux de vérifier ces dires. Arrivés à l’intérieur du Cheese Factory, nous allons goûter de ce pas les différents fromages. Pâte molle ou pâte dure, vache ou chèvre, ils ont du choix à l’intérieur c’est le moins que l’on puisse dire. Et il s’avère que le fromage fabriqué ici est d’excellente facture : relevé, frais, possédant du caractère quoique certains soient tout de même un peu trop fermes. Nous nous réconcilions donc définitivement avec le fromage australien bien qu’ils aient la curieuse manie de tester et de manger le fromage avec des biscuits ! Pour la semaine de terrain qui nous attend, nous optons pour un fromage de chèvre et un bleu coin. En plus ça tombe bien, Michael a eu la bonne idée de rapporter quelques bonnes bouteilles de rouge… Le début s’annonce prometteur ! Finalement vers 18h, nous arrivons dans les montagnes à notre destination. Bien que nous soyons également dans les Snowy Mountains, le décor est vraiment différent du Mount Kosciuszko que nous avions visité précédemment. Ici, les versants des montagnes sont peuplés d’eucalyptus morts. Ces longs arbres filiformes tout de  blancs vêtus, sortes d’excroissances pilifères appartenant peut-être à quelque géant des montagnes endormi depuis les temps anciens, confèrent une atmosphère fantasmagorique particulière. Et ce n’est pas tout… En plus de l’appartement confortable dans lequel nous dormons, nous avons pour nous tout seul un vieil hôtel construit il y a des décennies. Avec ce paysage étrange de montagnes et cet hôtel vide (« Hey Lloyd ! C’est le désert, ce soir. Hahaha !! »), c’est un peu comme si nous étions logés dans une version réduite de l’hôtel Overlook bien qu’il semblerait qu’il n’y ait pas de Jack Torrance, hache à la main, rodant aux alentours ! 
 
 Notre hôtel
 
 
     Après un excellent repas (Mana étant un véritable cordon bleu) et une bonne nuit de sommeil, nous nous levons aux aurores pour entamer notre semaine de terrain dans l’étage alpin situé à quelques 1800 mètres d’altitude. Nous avons 20min de voiture suivi d’une bonne demi-heure de marche dans les alpes australiennes avant d’arriver sur les lieux. Au programme des réjouissances, nous nous séparons en deux équipes. Avec Michael, il s’agit de poser des pièges pour attraper les espèces recherchées tandis qu’avec Mana, nous tentons de dénombrer la présence et le nombre de cocons ayant contenu ou contenant les larves de casemoth, espèce proche des papillons, dans un périmètre donné qui se trouve soit dans l’environnement naturel soit dans des chambres de plexiglas qui augmentent artificiellement la température d’un degré. Le but de ces deux travaux de terrain sera de voir l’effet du réchauffement climatique sur certaines populations locales et de l’impact écologique qui peut en découler. Le temps est très changeant, passant du soleil à la pluie, et la température reste peu élevée même en plein soleil. Au cours de la semaine, notre petit groupe se voit élargit par la venue de nouveaux arrivants. Nous sommes tout d’abord rejoints par Rachel, étudiante à Canberra, qui aimerait faire une thèse à Melbourne et que Michael a gentiment invité à venir nous assister. Puis, c’est au tour de Jess, accompagnée de ses parents en vacances, d’arriver à Falls Creek pour du travail de terrain nécessaire à ses recherches. Avec toutes ces personnes venues d’un peu partout, nous passons du bon temps, le plus souvent autour d’un excellent dîner. En fin de semaine, nous quittons les lieux  avec Michael et Manaswini pour nous diriger plus au Sud vers d’autres montagnes. Nous allons là-bas pour récolter d’autres individus issus de populations différentes de casemoth et qui serviront à Mana pour des comparaisons génétiques entre ces populations. Et puis surtout, nous sommes invités le weekend pour les 50 ans d’Henrik, un collègue de Michael habitant dans la région. Nous partons ainsi aVictoria Stateux sommets de Mount Buller et Mount Stirling qui offrent de très belle vue du paysage. Mais si pour le premier mont l’ascension en voiture se fait sans accroc, on ne peut pas en dire autant pour le second. Avec la voiture de Michael, nous essayons d’atteindre le sommet en empruntant une des pistes noires. Le chemin est chaotique et plus d’une fois, nous sommes à la limite de la rupture avec le dessous du véhicule heurtant le sol miné par les nids-de-poules et dont les blocs rocheux émergent au gré du relief sinueux du chemin. C’est rock’n roll, Michael débitant des phrases joliment assaisonnées de « fuck » à tout va et priant que sa "Betsy" ne rende pas l’âme sur place, Mana malade à l’avant et nous le sourire aux lèvres, contents de ne pas avoir emmené notre van dans cette galère. Finalement, les talents à la Sébastien Loeb de Michael nous emmènent à quelques 500m du sommet et nous terminons les derniers mètres à pieds. Après cette montée épique et avoir prélevé les échantillons, nous nous rendons directement à la fête d’anniversaire qui a lieu dans la maison de l’intéressé. En cette fin d’après-midi et après avoir cavalé un peu partout, nous sommes bien contents d’aller prendre un peu de bon temps en compagnie de personnes qui nous sont totalement inconnus.
 
 Le site expérimental


 
Michael et Mana 

 Flancs de montagnes peuplés d'eucalyptus

Jess en plein boulot



 Mount Buller
 

         La baraque se situe au milieu de nulle part au pied des montagnes. Henrik, notre hôte, vit dans cette maison avec sa femme, son grand frère (Michael qui ressemble énormément à Mammouth dans les bd de Fluide Glaciale !!) et la femme de ce dernier. Ils ont vendu leurs maisons respectives pour acheter un vaste terrain sur lequel ils ont construit la maison qu’ils ont toujours rêvée d’avoir. Cela leur a pris 9 ans pour la construire (temps pendant lequel ils dormaient dans des tentes) et même si tout n’est pas encore fini à l’intérieur, le résultat en vaut largement le cou. C’est un petit coin de paradis. Un espace habitable de près de 250m2 de plein pied, aménagé au bord d’une rivière qui délimite l’entrée d’une réserve naturelle boisée (la femme d’Henrik y travaille en tant que rangers) où de nombreux wombats viennent se nourrir à la nuit tombée. La maison étant située légèrement en hauteur, elle offre un magnifique point de vue pour admirer le soleil couchant en contrebas. Au niveau des installations, ils ont essayé au maximum de pVictoria Staterofiter des énergies renouvelables en utilisant par exemple de la paille pour l’isolation de la maison, l’eau de pluie pour la douche et les toilettes, les panneaux solaires pour chauffer l’eau et prochainement pour apporter l’électricité. Ils ne se sont pas pour autant arrêtés là. Ils ont également aménagé une réserve d’eau faisant office de piscine par beau temps, un poulailler, un petit élevage de cochons et construit leur propre fourneau à pains. Ils comptent à terme ouvrir une sorte de boulangerie familiale ! Nous sommes littéralement scotchés en les écoutant raconter leur histoire dans un mélange de respect et d’admiration devant tout ce travail accompli et le courage qu’il a fallu pour se lancer dans l’aventure. Et puis, nous apprécions particulièrement la simplicité de la vie qu’ils ont choisie et l’accueil chaleureux qu’ils nous réservent alors même que nous ne les connaissons pas. Nous installons la tente dans le "jardin", fin prêts pour passer un agréable weekend. Une quarantaine de personnes sont conviées, de nombreux succulents mets sont à disposition (dont une excellente ratatouille !) ainsi que des bons vins australiens. L’ambiance est vraiment excellente et il est très aisé de discuter avec tout le monde. Nous faisons notamment la connaissance d’un français qui vit ici depuis neuf ans avec une australienne. Il a exercé de nombreux boulots ici dont un qui consistait à sauter sur des lamantins pour leur poser des balises Argos ! Nous rencontrons ainsi tout un tas de personnes d’origines différentes et partageons nos histoires respectives avec plaisir. Le weekend passe rapidement et c’est presqu’avec regret que nous retournons à Falls Creek terminer notre travail de terrain. Une fois le boulot accompli, nous prenons une dernière après-midi de repos avant de mettre les voiles. Sur le trajet nous conduisant à Melbourne, Michael ne peut s’empêcher de nous emmener chez un excellent caviste à Milawa. La personne qui nous fait déguster les vins s’avère être un excellent œnologue et très intéressant à écouter qui plus est. Il nous fait découvrir de nombreux vins délicieux provenant de différents cépages australiens. A l’honneur, du vin blanc fruité rappelant le Gewurtz Straminer, du Riesling, du Pinot gris, du Shiraz au fort tannin etc. Nous repartons finalement avec trois caisses de vins.
 
 Choix de l'itinéraire à suivre
 

 
 Henrik, c'est le type avec la chemise à fleurs au fond à droite !

       Au retour de Falls Creek, les deux dernières semaines passent très vite entre le travail à l’université, les soirées et les moments de détente. Nous commençons à entrevoir la fin du stage et nous devons alors nous occuper de trouver un dernier boulot rémunéré pour début avril et de penser à la revente (en tout cas on l’espère) du van. Michael décide de nous aider pour la recherche de taf en nous faisant profiter de ses contacts dans le milieu agricole. Ainsi en fin de semaine, nous avons une liste de fermes à aller visiter du ôté de la ville de Monbulk à quelques 50km au Nord-est de Melbourne. La température là-bas est nettement plus basse du fait qu’on se trouve un peu plus haut en altitude. Dès notre arrivée, nous démarchons toutes les fermes susceptibles de pouvoir nous embaucher : culture de fleurs, de vignes, de baies en tout genre. Finalement après plusieurs recherches infructueuses, nous tombons dans une ferme qui recherche du monde pour la cueillette de framboise pour le début avril et seulement pour deux semaines. Les dates correspondent parfaitement avec ceux que nous voulons faire. Du coup, nous nous donnons rendez-vous le vendredi prochain (dernier jour de stage) pour un "entretien d’embauche". Content de ne pas avoir fait de la route pour rien, nous rejoignons notre bar habituel du vendredi soir, le Bev & Mick’s. Peu de monde de notre connaissance n’est là car la plupart sont partis voir le concert de musique classique que donne l’orchestre dont fait partie Pip. Ce n’est pas grave, nous aurons tout le temps de retrouver tout ce beau monde pour la soirée avec DJ, organisée après le concert dans des plus anciens buildings de Melbourne. En attendant, nous rencontrons encore de nouvelles personnes bien sympas que sont Sarah, travaillant également à l’université, et Marcus qui revient tout juste d’un an voyage en Europe (Barcelone) où il travaillait en tant que cuistot dans le yatch de Bernard Arnault, président multimilliardaire de Louis Vuitton! Nous en profitons pour affiner encore un peu plus notre compréhension du langage typiquement australien en discutant du cockrock (rock commercial dont on aime bien se moquer !) ou bien encore des redneck (tendance à catégoriser les façons de vivre des gens en fonction de leur provenance). Vers 19h3O, comme tous les vendredis, les barmans organisent un jeu de loterie. A chaque fois que tu prends un verre, tu reçois un certain nombre de numéros d’une certaine couleur. Lorsque la loterie démarre, le barman tire un numéro au hasard. Si personne n’a ce numéro, il recommence jusqu’à ce que quelqu’un du pub l’ait également. Le gagnant se voit proposer de jouer à un quitte ou double lui permettant de gagner jusqu’à 2000 dollars s’il va jusqu’au bout. Pour gagne le gros lot, il faut que le barman tienne en main un des deux joker du jeu. Le barman regarde ensuite la carte et émet son offre : continue ou bien gagne une tournée générale, cinq litres de bières, un paquet de cigarette etc. A chaque fois que le joueur décide de continuer, le barman change son offre et au bout du troisième tour il retourne la carte pour voir si c’était la bonne et permettre ainsi au joueur de remporter les 2OOO dollars. Pour le moment, aucun d’entre nous n’a gagné à la loterie mais fort heureusement, le gagnant choisit la tournée générale (fortement encouragé par les clients du bar il est vrai) la plupart du temps !

       En ce qui concerne la revente du van, nous écrivons un texte descriptif du véhicule van qui tente de le mettre le plus possible en valeur. Outre les références d’usage (marque, kilométrage, REGO payé jusqu’à mars 2012, etc.), nous signalons les réparations déjà effectuées ainsi que le matériel de camping acheté auxquels nous ajoutons des photos du van. Nous décidons de commencer la vente à un prix de 3000 dollars. Nous ne savons pas si l’engin vaut ce prix-là mais bon, nous verrons bien. Reste plus qu’à aller placarder des affiches un peu partout dans le maximum d’auberge de jeunesse de Melbourne ainsi que de mettre des annonces sur les principaux sites internet et le tour est joué. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu et nous essuyons bon nombre de revers dans la revente du véhicule et ce même après avoir fait baisser le prix. Pour couronner le tout, notre plan de travailler à Monbulk tombe à l’eau à cause du mauvais temps qu’il a fait cet été dans le Victoria. Il devient alors nécessaire de vendre coûte que coûte le van si nous ne voulons pas avoir de futurs problèmes d’argent. Au bout de deux semaines, toujours rien de concret si bien que nous commençons sérieusement à douter que nous revendions un jour ce foutu van. Fort heureusement, ce contretemps nous permet de continuer à profiter de Melbourne en passant d’agréables moments avec les personnes dont nous nous sommes liés d’amitié. Il y a toujours des trucs de prévus : anniversaires, concerts, soirées, restaurants etc. Ainsi, nous prolongeons notre vie de citoyen de Melbourne avec un plaisir non dissimulé car plus le temps passe et plus nous apprécions cette ville. Et puis finalement en fin de semaine, nous recevons l’appel d’une jeune femme, prénommée Lou, qui semble très intéressée par notre van. Elle travaille à 300km de Melbourne mais propose de se donner rendez-vous le vendredi soir pas loin d’où nous logeons. Nous acceptons bien évidemment en espérant cette fois-ci que les bruits étranges que produit le van, la clef cassée ainsi que le voyant d’huile toujours allumé ne la fassent pas fuir ! Le soir venu, elle arrive donc  à l’heure en compagnie de son ami Marcus. Très vite la mayonnaise prend avec eux et on sent rapidement que ça va être dans la poche. Le fait que ce sont comme nous des backpackers facilite vraiment les choses. Lou est partie d’Angleterre voici quatre mois avec le même visa que nous en poche. Elle a directement commencé à travailler pour pouvoir se payer un van et des vacances bien méritées. Marcus, quant à lui, a quitté l’Irlande depuis près de deux ans mais est toujours resté sur la côte Est. Ils se sont rencontrés pendant leur job de fruit picking et ont besoin rapidement d’un van pour pouvoir voyager. Nous tombons pour ainsi dire à pic. Malgré les quelques problèmes que possède le véhicule, Marcus et Lou sont très enthousiasmés par ce qu’on leur propose. En très peu de temps l’affaire est conclue. Le van est adjugé après discussion pour $1675 et deux pintes de bières ! Après les détails techniques, la signature pour les papiers, le transfert d’argent et les bières sifflées, nous nous donnons rendez-vous le lendemain matin pour la remise des clefs et dire au revoir à notre compagnon de route que nous avions affectueusement surnommé « Estevan, le mérou d’or ». Nous sommes plutôt contents de le revendre à des voyageurs qui vont tenter de faire eux-aussi le tour de l’Australie avec. Bonne chance à eux ! Quant à nous, nous pouvons enfin commencer à préparer nos affaires pour notre dernier voyage au pays d’Oz… En route pour l’île de la Tasmanie.

 Entrée de chez Michael
 
 Bandicoot très peu sauvage


Nous laissons notre van entre les mains de Lou

jeudi

Volunteers in Australia (28 fév. –13 mars 2011)

        Après quelques errances dans l’université, nous trouvons le département de zoologie où nous pourrons certainement obtenir de plus amples informations. A l’accueil personne ne connait Linda Thomson ou Michael Nash. Par chance, un type à côté de nous a une amie qui travaille avec Michael et propose de nous aider. Après quelques échanges rapides, nous comprenons rapidement que nous sommes tous français de par notre accent commun ! Le gars s’appelle Bastien (il ressemble à un mix entre Michael J Fox et Malcom, personnage principal de la série éponyme) et vit en Australie depuis près de trois ans où il a commencé une thèse sur les requins. Bastien nous emmène donc jusqu’au building où travaille Michael, building qui se trouve en fait juste à côté de l’université (nous aurions pu chercher encore longtemps sans son aide !). Il appelle ensuite son amie qui vient nous rejoindre pour nous servir de guide. Nous faisons ainsi la connaissance de Jessica, jeune femme franco-congolaise en dernière année de thèse de biologie végétale et de génétique des populations, travaux qui sont en rapport avec ceux de Michael. Avant de nous quitter, elle nous emmène jusqu’au bureau où travaille notre fameuse Linda. Lorsque nous entrons dans son bureau et que nous présentons nos plus plates excuses pour ce retard inopiné, elle se contente de nous faire un grand sourire tout en nous disant que nous ne sommes pas pressés. Nous nous rendons vite compte que cette dame d’un certain âge, professeur en biologie, est vraiment excellente et toujours prête à nous aider au moindre souci. Pendant qu’elle nous donne nos cartes (à chaque fois que l’on veut ouvrir une porte on doit utiliser notre carte… Ca c’est de la sécurité !), nos clefs de vestiaires et qu’elle nous fait faire la visite des lieux, nous parlons de tout et de rien, de l’Australie et de la France principalement, où elle a passé des vacances à Locmariaquer dans le Morbihan (il est surement inutile de préciser qu’elle a adoré la côte bretonne, son soleil et l’ambiance locale !). Elle nous amène finalement au deuxième étage du building dans un laboratoire où se trouve notre lieu de travail et où nous passerons le plus clair de notre temps. Elle nous confie ensuite à Cindy, post-doctorante, qui s’occupe de nous montrer toutes les règles de sécurité du labo.

 Vue du hall de Bio21, le batiment ou on travaille
 
            Michael étant parti sur le terrain toute la semaine pour des relevés d’échantillons, Linda revient nous voir en fin de matinée pour nous montrer une partie du travail qui nous attend. Il s’agit en l’occurrence de déterminer sur différentes espèces de plantes quelles graines sont viables/non viables et quelles sont celles qui ont été parasitées par des insectes. Ce n’est certes pas bien passionnant, et même plutôt répétitifs disons-le tout net, mais il faut bien se faire les dents avant de partir nous aussi sur le terrain dans deux semaines. Et puis surtout, nous travaillons dans le département CESAR qui est sous la direction de Ary Hoffmann, scientifique mondialement reconnu et multi-récompensé. Alors qu’importe ce que nous faisons quand nous pouvons mettre dans notre C.V. que nous avons travaillé pendant un mois en tant que stagiaire pour le compte de monsieur Ary Hoffmann. Il est possible que cela puisse faire la différence quand nous chercherons une thèse à notre retour en France. L’autre partie de notre travail nous sera montré le lendemain par un certain Matt Hill, doctorant en deuxième année. Il nous reste cependant une dernière chose à éclaircir : qu’en est-il de l’accommodation (nourriture et logement offert par la fac) dont Michael nous avait parlé. Personne n’étant en mesure de nous répondre, Linda appelle Michael pour en savoir plus. Il s’avère que l’accommodation dont il nous avait parlé n’est valable que pendant la partie terrain de notre stage et qu’à Melbourne nous devrons nous débrouiller par nous-mêmes. Outch ! on n’avait pas prévu ça dans notre budget. Avec l’aide de Linda, on essaye de trouver une solution. Elle envoie un mail à tous les chercheurs de l’équipe pour savoir si l’un d’eux peut nous héberger pendant que nous regardons les prix des apparts. En Australie, il n’y a pas de logements étudiants et les loyers sont extrêmement élevés, du genre 160 dollars par semaine par personne ! Nous n’avons évidemment pas l’argent pour le faire et nous nous résignons à sortir tous les soirs de la ville pour dormir dans notre van sachant le bordel monstre que c’est tous les matins pour entrer et circuler dans Melbourne.


             Heureusement pour nous, Jess propose de nous héberger chez elle le temps qu’il faudra. Elle habite assez près de l’université en colocation avec deux autres australiens dans le quartier Nord de la ville. Elle veut bien nous laisser sa chambre, tandis qu’elle ira dormir chez son copain. Nous venons à peine de faire sa connaissance et voilà qu’elle se montre si généreuse avec nous en partageant son logement. Franchement, nous ne pouvions pas mieux tomber. Le soir, nous faisons la connaissance de ses deux colocs Anthony du Queensland et Andy du Victoria. Les deux mecs sont sympas mais nous sentons très vite que cette histoire dérange Anthony. Trois heures à peine être arrivés dans leur maison, Anthony n’en peut plus et demande à ce que nous partions le lendemain matin. Apparemment, il ne se sent plus chez lui et il n’aime pas trop l’idée que des étrangers (voleurs potentiels) s’installent quelques temps dans sa demeure. La tension dans la pièce monte alors crescendo. Jess ne s’attendait pas une réaction comme celle-là de sa part. Nous essayons de détendre l’atmosphère car nous nous sentons responsable vis-à-vis de Jess et nous ne voulons pas que la relation avec son coloc se détériore à cause de nous. Nous comprenons parfaitement la situation et nous disons à Anthony que nous quitterons les lieux le lendemain comme il le souhaite et que cela ne nous pose pas de problèmes. Après tout, nous ne sommes pas chez nous et chacun est libre de faire ce qu’il veut. Nous sommes juste un peu étonnés qu’un gars comme lui fasse de la collocation s’il n’accepte pas ce genre de situation. Andy nous explique que son coloc a de fortes tendances paranoïaques et que c’est la raison principale de son refus. Il nous dit aussi qu’il va essayer de le faire changer d’avis même si nous ne nous faisons pas trop d’illusions.

            Le lendemain, nous débutons notre véritable première vraie journée de travail. Et c’est parti pour une matinée comptage de graines à la loupe ! L’ambiance dans le labo est très décontracte, personne ne se prend la tête, on se fond ainsi en un rien de temps dans notre nouvel environnement. Matt arrive en début d’après-midi. Il vient nous expliquer l’autre moitié de notre travail. Cette moitié consiste à regarder sur des vidéos à partir de quelle température les collemboles (petits insectes), issus de différentes populations,  tombent dans le coma puis enfin de déterminer la température maximale pour laquelle ils conservent encore leur activité motrice. Ce travail, long et fastidieux, est aussi guère passionnant. A force de regarder à quel moment des bestioles arrêtent bouger sur un écran d’ordinateur, on devient rapidement fou. Il ne faut vraiment pas être épileptique ! Pour changer de notre routine, Matt nous montre et nous fait participer à ses expériences pour son doctorat qui tournent autour de l’incidence du réchauffement climatique sur certains insectes comme, par exemple, les coccinelles. Cela nous permet surtout de voir autre chose, de faire d’autres petits jobs de chercheurs, de visiter d’autres endroits de la fac, notamment les différentes salles où l’on s’occupe d’augmenter les populations de certains moustiques (comme ils se nourrissent de sang, tu peux donner ton bras en pâture pour 10 dollars de l’heure !) qui sont essentiels pour la régulation d’autres populations de moustiques dans certaines zones australiennes. On commence ainsi à avoir un bon aperçu de ce que font une partie des chercheurs ici. Et puis, Matt est bien relax comme type et c’est intéressant de discuter avec lui. D’ailleurs, nous apprenons qu’il a vécu dix ans en Tasmanie. Du coup, il va pouvoir nous donner les coins intéressants à aller visiter là-bas. Le soir même, nous partons à la recherche dans un endroit où dormir. Finalement, le problème du logement se résout assez facilement. Après quelques tâtonnements, nous trouvons un coin tranquille situé à cinq minutes de l’Université auprès d’un parc. Nous pouvons ainsi dormir dans le van en minimisant les bruits de la ville et sans nous faire réveiller par la police au petit matin. De toute manière, nous passons la majeure partie de notre temps dans le bâtiment où nous travaillons. Le building est moderne et possède un nombre suffisant d’équipements mis à disposition des employés. Nous pouvons ainsi nous laver, prendre nos repas à l’intérieur, ou nous reposer dans des lieux confortables. En fin de compte, nous ne restons dans le parc que pour dormir. Avec ce système, nous avons l’impression d’êtres de véritables SDF, ce qui nous fait tout de même bien marrer.

 

 La, c'est Matt, notre thesard a nous

            La semaine suivante voit le retour de Michael (Nashy pour les intimes) dans le labo. Il s’agit d’un chercheur qui partage son temps entre l’université et une ferme où il cultive du blé, à quelques heures de Melbourne. C’est un bon vivant, pas de doutes à ça ! Et un homme du bush, son accent ne trompe pas quand nous l’entendons parler la première fois. Après une petite phase d’acclimatation, nous nous habituons de plus en plus à son élocution rapide. Il s’informe de ce que nous avons fait, nous révèle qu’on ne partira sur le terrain que la semaine suivante. Ce sera à Falls Creek dans un appartement, dans ce qui, en hiver, sert de station pour tous les touristes qui viennent faire du ski dans les montagnes. Il nous demande aussi de prévoir une tente, peut-être partirons nous plusieurs jours de suite dans les montagnes pour échantillonner. Randonnée en perspective donc. Après tous les détails réglés, il nous demande où on vit et nous propose de nous installer le soir même dans son garage ! Nous acceptons l’offre plus que généreuse : il nous parle d’un canapé-lit ! Ô joie ! Nous débarquons chez lui le soir, il a installé un matelas et déplié le canapé lit dans son garage. C’est parfait ! Il nous donne les clés de la maison, nous dit de faire comme chez nous et nous invite, le soir même à manger avec lui, sa femme et sa fille. Nous faisons ainsi connaissance d’Amelia, enfant de 6 ans souriante et hyperactive comme tous les enfants de son âge ! Elle court dans tous les sens dans la maison, fait le poirier sur le canapé, et nous amuse beaucoup. Elle parle étonnamment clairement en anglais, c’est dû à son jeune âge, et c’est un plaisir de parler avec elle ! On se fait comprendre aussi très facilement. Au repas, nous nous attablons donc. Lenny, la femme de Michael, a cuisiné des pommes de terre, carottes et un gros rôti de porc. De l’excellente viande comme on n’en a pas mangé depuis longtemps, et que Michael, amateur de bon vin, se fait une joie d’accompagner par une première bouteille de rouge, provenance de la côte ouest. Il a choisi pour l’occasion un vin très sec comparé à la moyenne des vins australiens (qui d’une façon générale sont sélectionnés pour leur gout fruité, trop sucré à notre gout de français). Il connait nos gouts, on adore le vin. Une deuxième bouteille ne tarde pas à atterrir sur la table, la conversation est vive et chaleureuse. On passe là une excellente soirée. Politique, sciences, cultures respectives, tous les sujets passent. On apprend à mieux connaitre Michael qui est un homme épatant. On va bien s’amuser quand nous serons posés dans l’appartement à Falls Creek, c’est certain !

 Quentin compte des graines

  Le garage de Michael ou nous allons habiter jusqu'a la fin du stage

            Le retour à une vie citadine après plusieurs mois de voyage à travers le bush permet de voir une autre facette de la vie en Australie. Matt se charge avec Jess de nous faire découvrir du monde. Ainsi comme tous les vendredi soirs, nous terminons la semaine de travail à l’université en allant boire une bière au pub irlandais le plus proche avec d’autres doctorants, post-doctorants, chercheurs, tout le petit monde de la biologie avec qui ont partage les labos. C’est une ambiance conviviale et nous faisons la connaissance de moult personnes excellentes. Citons par exemple Pip (Philippa), Brian, Clare, Briony, Kate, etc. Kate est justement sur le point de terminer sa thèse : elle rend son manuscrit dans la semaine et nous sommes invités à fêter ça le samedi de la semaine suivante, dans la maison où elle vit en collocation avec Pip (qui fête elle aussi la fin de sa thèse, terminer quelques jours à peine avant celle de Kate). Seule consigne : amenez ce que vous boirez. Tout ça ressemble de près à une soirée à la française, dites donc… Et ça fait des plombes qu’on n’a pas eu l’occasion de faire une soirée ! Bref, on se remet vite fait dans l’ambiance étudiante. Entre temps, nous multiplions les activités : on se remet au sport universitaire, on en profite pour aller dans des zones où nous n’étions encore jamais allés tel le quartier de St Kilda, on goûte également à la nourriture typique australienne comme  Le garage de Michael ou nous allons habiter jusqu'a la fin du stagele kangourou cuit au barbecue (pas mauvais du tout) et puis surtout nous nous laissons gagner par l’ambiance festive de Melbourne, ville très dynamique que nous commençons à beaucoup apprécier il faut bien l‘avouer. Nous passons ainsi un agréable moment lors du dernier marché de nuit en compagnie de Jess et ses potes (excellent melting-pot international) pour célébrer la fin de l’été. De même, nous nous empressons d’accepter lorsque Matt nous propose de le rejoindre au festival de musique, qui a lieu chaque année dans une des plus grandes avenues de la ville, pour trainer, boire des bières et écouter de la musique avec quelques autres larrons. Une fois sur place, nous nous mêlons à la cohue avec engouement. Le tram est bloqué, les voitures sont gentiment priées de faire un gros détour si elles veulent traverser la ville et les pubs sont blindés. Plusieurs petites scènes ont été installées le long de l’avenue. La musique éclectique du festival vient d’un peu partout dans le monde et c‘est avec plaisir que nous écoutons du blues japonais, de la country australienne, de la musique traditionnelle libanaise ou encore des vibes africaines. Durant cette journée, nous retrouvons Bastien, le français que nous avions rencontré en premier à notre arrivée. Il nous propose, si ça nous intéresse, de venir observer son travail sur les requins, en disséquer aussi, pendant toute une journée, histoire de changer de nos graines et de nos insectes pour découvrir de nouvelles choses. Bonne idée, nous fixons un jour dans la semaine où nous irons travailler avec lui. Nous sommes sur tous les fronts ; l’agenda est donc vite remplit jusqu’à notre départ pour Falls Creek et le travail de terrain.

 Le festival de Brunswick, s'etalant dans une rue de Melbourne

 Un luthier un peu etrange etait sur le festival

 Guillaume et Jess, la thesarde francaise
             Après un début de seconde semaine ressemblant traits pour traits à la première niveau boulot, nous partons le jeudi pour le département de zoologie, comme nous l’avions convenu avec Bastien, où nous attendent des requins prêts à être disséqués. C’est parti pour quatre heures les mains dans le poisson comme il dit. Il nous parle de son trafic de mafieux avec les pêcheurs de la criée de Melbourne. Il nous raconte comment ça fonctionne .En échange des requins (pris "malencontreusement" dans leurs filets) récupéré par Bastien, les marins sont payés en pack de bières ! L’histoire est marrante et il y a assez de matériel pour faire un bon Scorsese ! Parfois, il doit disséquer sur place et dans ce cas précis faire fissa, parfois il peut ramener les requins au labo et prendre son temps comme c’est le cas pour cette fois-ci. La fournée d’aujourd’hui comporte une petite vingtaine de requins, mâles et femelles, de la même espèce. Avec la pratique, il est devenu un vrai expert de la dissection de chondrichtyen. Tu m’étonnes avec pas moins de 800 bestiaux disséqués, il peut prétendre au grade ! Le travail est assez simple. Tout d’abord déterminer le sexe, puis couper les ailerons pour déterminer l’âge (une strie se forme à peu près tous les ans un peu à la manière des arbres), mesurer différentes longueurs avant d’éventrer le requin avec soin, s’il vous plaît. A l’intérieur, un peu de tout est mesuré  puis pesé : taille des gonades, des utérus ou des testicules c’est selon, du foie (chez le requin il peut prendre jusqu’à 25% du volume de l’animal), etc. On voulait voir autre chose et bien a pu ! Un café bien mérité et on repart jusqu’à la fin de semaine à nos graines et vidéos si bien que nous ne sommes pas fâchés quand arrive le week-end. Comme prévu, nous nous rendons à la soirée chez Pip et Kate (avec la grande habitude qui nous caractérise d’arriver avec quelques heures de retard car même à l’autre bout du globe on ne change pas les bonnes vieilles habitudes !) pour célébrer leur fin de thèse et leur futur départ à l’étranger. Et oui après avoir fini sa thèse, c’est deux ans de post-doc : en Suisse pour Pip et en Belgique pour Kate. L’ambiance de la soirée est vraiment excellente et on en profite à fond… Nous rentrons au petit matin chez Michael, l’esprit quelque peu embrumé ... Dimanche c’est repos avant le départ pour Falls Creek et sa montagne.



 Session dissection

 Soiree Chez Pip et Kate. Michael, c'est le gars avec la superbe chemise a carreau

 Tout le petit monde de la fac. Notez Briant, le mec au T-shirt noir qui est encore en plein dans le rythme des rolling Stones.