vendredi

The Colour of Magic (18-26 Oct. 2010)


 
Kalgoorlie, Western Australia State, Australia

L’état désastreux de la route reliant directement Uluru à Perth nous oblige à revenir sur nos pas. Ainsi, le retour le long de la Stuart Highway, direction Adélaïde se fait à vitesse grand V. A vrai dire, nous multiplions plutôt les heures de conduite jusque tard dans la nuit, ce qui nous vaut un soir quelques montées d’adrénalines dues un nombre incroyable de kangourous traversant inopinément la route dans des mouvements totalement browniens. Les panneaux avertissant de leur présence sont ici à prendre au sérieux. Arrivés à Port Augusta, nous prenons enfin la direction de l’Ouest pour nous rendre sur Perth en longeant la côte sud de l’Australie. La route que nous empruntons, longue de près de 2400 kms, équivaut à relier Paris-Moscou !  



Nous traversons au début bon nombre de villages côtiers. La vie semble paisible ici, à l’abri de la course effrénée et ininterrompue à la rentabilité des grandes villes. La pêche y reste l’activité favorite comme nous pouvons le constater lorsque nous arpentons les longs pontons s’enfonçant dans les baies aux eaux bleues et cristallines. Dans ces eaux peu profondes, une faune hétéroclite (dauphins, lions de mer, requins, huîtriers pie, etc.) forment une biocénose peu ordinaire pour nous autres vendéo-bretons. Et c’est aux abords d’un pittoresque petit village de pêcheur que nous assistons à un spectacle inédit : un groupe de pélicans taquinant le mulet de leur poche extensible qui aspire l’eau et retient prisonniers les poissons. Une première frayeur concernant le van vient cependant troubler notre quiétude lors de notre passage à Ceduna, capitale du bivalve. Nous constatons une légère perte d’huile qui nous inquiète quelque peu, d’autant plus que nous avons passé la barre des 8000 km parcourus depuis Melbourne. Après examen du véhicule par un professionnel, la faute incombe (ou bien décombe monsieur Patoulachi, Agene de la paï, avan’ tout !) à la vétusté du moteur qui brule l’huile plus qu’à l’accoutumé. Il va nous falloir surveiller régulièrement le niveau d’huile pour prévenir de futurs problèmes mécaniques. Nous nous remettons en route à l’heure où l’aurore darde ses rayons d’argent à travers les écharpes de brume…

 
Streaky Bay

 
Pélican



Le paysage australien n’a jamais été aussi coloré que le long de la Eyre Highway. Le long tapis noir étendu entre Port Augusta et Norseman traverse la plaine de Nullarbor. Celle-ci tient son nom du fait qu’aucun phanérogame ou presque n’y pousse. Nous conduisons toute la journée, l’aiguille rivée sur 2500 tours/min, les yeux sur le goudron  soufflé comme du verre par la chaleur accablante, miroitant les camions venant vers nous, au loin. Le flow de Method Man, la guitare de Lonnie Johnson, la voix gutturale de Joe Duplantier et le roots de Bob Marley accompagnent les kilomètres. Nous nous dirigeons inlassablement vers l’horizon tiré à la règle qui nous entoure entièrement sans discontinuer. Aucunes hauteurs, aucuns points de repère, et les cardinaux ne sont connaissables que grâce au gros soleil rouge qui se lève alors que la lune pleine et blanche est encore visible exactement à son opposé. Nous nous retrouvons pris dans un monde tendu entre ces deux astres qui se font face. Le globe incandescent monte dans le ciel en diluant dans le bleu un orange intense. Au-dessus de l’horizon, c’est une aquarelle incroyable. Nous avons parfois l’impression d’être au centre d’un tableau aux teintes irréelles.
 
" Il était flic et il faisait du bon travail. Mais il avait commis le crime le plus grave, en témoignant contre d'autres flics qui avaient mal tourné. Ces flics avaient tenté de l'éliminer, mais c'est la femme qu'il aimait qui avait été touchée. Accusé à tort de meurtre, il rôdait maintenant du côté du Dakota. Un hors-la-loi poursuivant les hors-la-loi, un chasseur de prime, un renégat..."

 
Aigle

 
Nouveau contrôle de la douane fruitière aux abords du nouvel Etat



La plaine, que se partagent kangourous, wombats, émeus et dromadaires si on en croit la signalisation, se résume à une mer d’herbes sèches blanchies par les rayons, submergeant la base des arbres dispersés, balayées par le vent qui souffle sans arrêt. Nous avons la chance d’admirer dans la petite bourgade de Nullarbor (pour tout dire, la bourgade se réduit à un motel, un bar et une station essence) le vélo du premier homme à avoir traversé la plaine en 1962. Cette étape est l’occasion de prendre un peu de repos et surtout une douche chaude (!). Une partie de Sho-gi agrémente la pause. Nous remettons nos cache-poussière, façon Le Cheyenne. Et puis nous repartons.

 
Dromadaire, kangourou, wombat


 
Pause Sho-gi
 

Le soleil décline rapidement le soir. Nous pouvons presque observer son mouvement et nous nous arrêtons pour le voir disparaître derrière la ligne infinie en seulement quelques minutes, posés sur le van. Instants dont on se délecte autant que possible. L’Australie n’a pas une couleur, mais une palette intense qu’elle utilise avec un savoir-faire digne des Dali et des Michel-Ange. Les combinaisons, les mélanges semblent, à notre grand plaisir, sans fin. Elle laisse en nous des images qui ne quitteront plus notre mémoire.




Nous atteignons le bout de cette longue ligne droite vers l’ouest à la ville de Norseman pour remonter vers Kalgoorlie. Il est toujours aussi délectable de traverser les fuseaux horaires comme Philéas Fogg, et de se rendre compte, alors que nous faisons le plein d’essence, que les horloges ont été remontées et que nous sommes arrivés avant d’être partis.

Good vibrations (13-18 oct. 2010)

Uluru - Kata Tjuta,  Northern Territory state, Australia
 

     Mille milliards de mille sabords ! Qui aurait cru que la plus grosse journée de pluie que nous essuierions depuis le début serait en plein désert ?! Pourtant lorsque nous quittons Alice Springs en tout début d’après-midi, le soleil est à son zénith et sans l’ombre d’un nuage. Nous prenons, par cette occasion, notre temps pour déjeuner sur une aire de repos plutôt tranquille. Là, nous rencontrons deux allemands avec qui nous lions rapidement sympathie. Daniel, surfeur baba cool, est en Australie depuis onze mois et il se ballade un peu comme nous dans l’immensité du pays d’Oz. Il a été rejoint par Max, un ami d’enfance du même village situé près de Francfort, pour une durée de trois semaines. Comme ils se dirigent vers Uluru, nous décidons de faire un petit bout de chemin ensemble. Nous choisissons également de faire un léger détour (300 km tout de même !) vers King’s Canyon, lieu magnifique nous promet-on. C’est à ce moment-là que le temps choisit pour se gâter franchement et que la pluie se mette à tomber averse. Nous roulons néanmoins jusque tard dans la nuit, sous une pluie battante, pour nous rapprocher le plus possible de King’s Canyon et ce malgré les zones d’eau qui se forment sur la route en bas des pentes. 

     Au petit matin, la pluie nous contraint à rester dans le van jusqu’à ce qu’elle s’arrête ou diminue d’intensité. C’est dans ce genre de moment que nous apprécions d’avoir acheter un van au lieu d’une voiture car nous pouvons être à nos aises pour attendre l’accalmie. Cette dernière pointe finalement le bout de son nez en milieu de journée. Le problème c’est que les routes sont désormais fermées des deux côtés et nous nous retrouvons bloquées comme sur une île ! Il ne reste plus qu’à attendre que la route s’assèche et espérer que cela se fasse rapidement… En fin d’après-midi, las de patienter, deux 4x4 tentent le coup. Le premier arrive péniblement à traverser mais le second reste collé dans la boue. Du coup, il devient l’attraction locale de toutes les personnes coincées sur la portion de route où nous nous trouvons. Pour s’extirper de là, ils font appel aux rangers du coin et leur gros véhicule. Pendant plus d’une heure nous assistons à un spectacle amusant qui se termine sous les ovations lorsqu’enfin les rangers tractent avec succès le 4x4 en dehors de la boue. Cet incident nous fait dire unanimement qu’on va peut-être patienter encore un peu avant de se la tenter ! Nous attendons encore quelques heures et nous nous lançons à l’abordage. Les allemands, avec leur voiture break passent en premier et réussissent la traversée. C’est notre tour maintenant. Nous y allons sans sourciller et nous … nous retrouvons embourbés ! Encore cette fichue roue gauche qui fait des siennes. Heureusement pour nous, le ranger (plutôt le style hippie que du genre Walker) était encore dans les parages. Il nous remet dans le droit chemin et nous pouvons enfin quitter ces lieux. Nous nous posons pour la nuit près d’une cascade, à Kathleen Springs, et nous prenons un bon apéro bien mérité avec nos nouveaux compagnons de route. L’ambiance, dans un mélange d’anglais, de français et d’allemand est joviale et nous partageons nos différentes cultures qui comprennent moult blagues pourries (dans les deux camps), saveurs culinaires et capiteuses, goûts musicaux et tutti quanti !

Stuck in the mud with you !

Pause déjeuné


Araignée au regard terrifiant


Max escaladant la cascade


     King’s Canyon est une formation rocheuse creusée par l’eau depuis 440 millions d’années. Nous entamons une randonnée tout autour du canyon qui surplombe à 100 mètres la vallée où coule la rivière le long de laquelle se développe un cordon arboré. Le paysage est vraiment impressionnant. Durant les quatre heures de marche, nous avons l’impression par moment d’être comme le robot Exploreur découvrant la planète Mars ou bien encore d’être projeté dans l’univers de Toriyama et le contraste entre la roche ocre et le ciel azur rend le cadre aussi coloré et vif qu’un dessin de Tarquin. Nous nous amusons à grimper sur les tumulus rocheux que le vent a façonnés au cours du temps. Sur certaines d’entre eux nous pouvons apercevoir des traces de méduses vieilles de plusieurs centaines de millions d’années. Nous quittons ce lieu, contents d’avoir fait ce détour dans un endroit comme celui-là.




King’s Canyon


Le mime Marceau  peut aller se rhabiller



Nous avons rencontré le seul pigeon envoyé par les Saiyan, Pigeonayan…


Ce lieu rappelle le premier affrontement entre Sangoku et Vegeta… Mais que se passe-t-il ?  [Au loin on peut entendre ce bruit distinct Fishiouishiouishiou…] Oh mon Dieu c’est un véritable cauchemar ! A qui peut bien appartenir ce puissant  Ki ? Ce ne serait quand même  pas Pigeonayan …


…  se transformant en Super Pigeayan 1 ! « Fier, FIER !! Je suis le prince des pigeayans !! »



Petit coin de paradis


Daniel au bord du gouffre


Crevasse sans fond

 The Expandables


Certaines zones de la route restent partiellement inondées


     Nous reprenons la route et nous avons à peu près 4oo km à parcourir avant d’atteindre un lieu sacré pour les aborigènes : Uluru. Il apparait au détour d’un virage comme sorti de terre au milieu de nulle part. Nous nous arrêtons à quelques encablures du lieu sacré et nous posons comme des pachas sur le toit du van à déguster un café/thé. Assis en tailleur, on médite devant la montagne et, contrairement à Shurik’n, on arrive à faire le vide. On focalise notre attention sur le coucher de soleil qui teinte Uluru de couleurs nouvelles, incandescentes et éphémères. Capter cet instant unique dans la journée termine de nous apaiser totalement. Nous procédons dès le lendemain après avoir observé le soleil levant derrière Uluru, à un tour complet à pied de la montagne. Aussi proche, nous sommes surpris de voir que la roche est extrêmement lisse et que par endroits elle semble être grignotée comme un gruyère par d’improbables souris géantes. Néanmoins, tel un Iceberg, la montagne n’est que la partie émergée d’un bloc rocheux bien plus volumineux. Uluru a, à bien des égards, un caractère mystique qu’il est aisé de ressentir.

     La montagne sacrée Uluru renferme de nombreuses légendes qui en ont fait un lieu mythique. L’une d’entre-elles raconte qu’où que vous marchiez autour de la source d’eau de Mutitjulu (situé dans un des multiples renforcements d’Uluru), vous êtes entourés par la présence de deux êtres ancestraux : Kuniya, le python worma et Liru, le serpent venimeux.

" Kuniya, la Femme Python, est venue de très loin de l’Est pour faire naître ses enfants à Uluru. Elle porta ses œufs tout autour de son cou comme un collier et les apporta à Kuniya Piti sur le coin Nord-est de la montagne. Là, elle laissa ses œufs sur le sol et s’y installa. Un jour, Kuniya dû utiliser ses pouvoirs magiques et physiques pour venger la mort de son jeune neveu, appelé Kuniyawati. Ce dernier avait attisé la colère de Liru, le serpent venimeux, en s’en prenant à un de ses membres. Liru, venant du Sud-ouest, se rendit à Uluru avec ses guerriers pour prendre sa revanche. Lorsque Liru vit Kuniyawati se reposant à la base d’Uluru, il fonça sur lui en lançant violemment ses multiples lancent. Nombre d’entre-elles frappèrent la montagne avec une telle force qu’elles la percèrent, laissant une série de trous encore visibles aujourd’hui. Le pauvre Kuniyawati, dépassé par le nombre et la puissance des coups,  fit tout ce qu’il pouvait mais tomba finalement raide mort.

Lorsque les nouvelles de la mort du jeune python parvinrent jusqu’à sa tante de l’autre côté d’Uluru, elle fut envahit de chagrin et de colère. Elle se rua le long des courbes de la montagne jusqu’à la source de Mutijulu, où elle confronta l’un des guerriers de Liru, qui se moqua effrontément de son chagrin et de sa rage. Kuniya entama alors une dance d’un pouvoir magique immense. Le sable se déposa sur tout son corps la protégeant des attaques possibles. Sa rage était si forte qu’avec sa lance, elle imprégna le  lieu de poison. Puis, dans une autre dance hypnotique, Kuniya pris son bâton de creusement et frappa la tête du guerrier assez fort pour le tuer en un coup. Mais sa colère étant maintenant au-delà de toute raison, elle le frappa encore et encore en travers de la tête. Il tomba mort abandonnant ainsi son bouclier sur le sol.

Les signes de ce terrible conflit sont toujours gravés dans la roche autour de Mutitjulu. Kuniya, elle-même, resta incrustée comme une ligne sinueuse noire sur le mur Est. Les coups qu’elle porta ont laissés deux profondes fissures sur le mur Ouest. Le bouclier du guerrier de Liru, resta là où il tomba, formant désormais un large rocher bombé"


Cette photographie n’est pas un montage Photoshop !


Uluru at the sunset


Uluru at the sunrise

L’autre côté d’Uluru

 

Source de Mutitjulu, lieu du conflit entre Kuniya et le guerrier de Liru

     Nous achevons ce tour des formations géologiques du désert australien par une marche dans les monts Olgas (Kata Tjuta, qui signifie « nombreuses têtes »). Situés à une quarantaine de km d’Uluru. Nous pénétrons à l’intérieur de l’enceinte des blocs où la faune et la flore sont étonnamment bien développées. Nous pouvons observer à loisir de nombreuses perruches, cormorans, perroquets, pinsons et quelques lézards. La marche se termine sur une élévation nous offrant un superbe panorama.

 Kata Tjuta



Après avoir réalisé un exposé sur le comportement et la génétique du Zebra finch, nous avons enfin l’occasion de le voir


Bugrigar (Melopsittacus undulatus)


Little black cormorant (Phalacrocorax varius)

Australian Ringreck (Barnardius zonarius)



     Il est temps pour nous de nous diriger vers Perth, à la recherche de travail. Nous disons donc au revoir à Daniel et Max qui s’en vont vers Sydney. Nous nous donnons rendez-vous à la fête de la bière à Munich pour nous délecter de la Schnapple-seeple, bière endémique de leur région.

mardi

Let's go get lost (08-13 oct. 2010)

 
Alice Springs,  Northern Territory state, Australia

     Pour venir à Alice Springs, rien de plus simple. Il suffit de prendre la Stuart Highway et d’aller tout droit, tout droit et encore tout droit pendant près de 1600 km…  Les pionniers qui ont tracé la route à l’époque ne se sont pas vraiment posés de questions sur de quelconques sinuosités de la route ! Mais avant de débuter ce long périple, nous partons faire un détour vers les Flinders Ranges, petite chaîne montagneuse située au Nord-est d’Adélaïde. Nous n’avons alors jamais été autant éloignés de la mer et nous ressentons vivement le climat continental beaucoup plus chaud et lourd. D’ailleurs les moustiques ont déserté la place, pour la grande majorité, et ont été remplacés par des kyrielles de mouches. On n’en a jamais vu autant ! Il y’en a tellement que l’on est obligé de se recouvrir entièrement le visage de tissus à certaines heures. On commence à croire que le folklore local, racontant que si les gens du centre parlent la bouche fermée c’est à cause de ces diptères, contient un brin de vérité. Nous avons le droit aussi à une autre "Plaie d’Egypte" : une myriade de sauterelles balaie plusieurs kilomètres de routes. On ne se rend pas tout de suite sur quoi nous roulons (ce ne sont pas des gâteaux secs ça… Indiana!) tellement ils sont en nombre important ! Toutefois, on a la chance d’apercevoir de nombreux rapaces, des aigles a fortiori, ce qui est somme toute logique vu les reliefs aux alentours. Les Flinders Ranges sont émaillées de plusieurs canyons dont il ne reste que des traces d’’anciennes rivières et où les différentes couches sédimentaires peuvent parfois être visibles. Cependant, nous sommes légèrement déçus d’autant plus qu’il nous est difficile d’accéder à certains endroits en van à cause de l’état des pseudo-routes. Ces dernières sont tellement bosselées et craquelées qu’il nous arrive d’être frappés de la maladie de Parkinson pendant plus d’une demi-heure lorsqu’on s’aventure au-dedans. Finalement ce qui nous intéresse le plus là-bas, ce sont les peintures réalisées par les aborigènes dans de nombreuses grottes. Elles représentent généralement les activités liés à la chasse (émeus, kangourous) ou la vie en communauté comme les rites de passage. Peindre sur un territoire donné marque la propriété (au sens de responsabilité) d'un clan ou d'une personne et représente pour eux surtout une forme de spirutualité. Ce type de peinture a probablement réalisé il y a plus de 5ooo ans...

 
Non Guillaume n’essaie pas de ressembler à Richard Harrison dans l’un de ses nombreux nanars de ninjas ! La quantité de mouche le midi est telle que l’on est obligé de se recouvrir le visage dans certains endroits

 
Les Flinders Ranges

 
Une des nombreuses peintures aborigènes. En haut à gauche, ici des traces d’émeus ont été peintes. Au centre et sur la gauche, les traits représentent le rituel d’initiation des  femmes. Elles dansent et chantent en ligne jusqu’à ce que les sentiers soient usés


     Après ce léger détour de quelques 300 km, nous regagnons la Stuart Highway près à convoyer directement vers Alice Springs. Comme cette route est la seule à passer par le centre de l’Australie, où les ressources vitales viennent à manquer, de nombreux camions en tout genre (essence, nourriture etc.) partent ravitailler les quelques habitants de la région. Enfin, quand on parle de camions, c’est plutôt du genre mastodontes de plus de 50 mètres de long avec quelques 64 roues pour soutenir et faire avancer la bête ! Ces engins, appelés des road train, ne se rencontrent que sur cette route qui s’étend d’Adélaïde à Darwin et ont le statut de prioritaire. Le truc marrant, c’est qu’ici tout le monde se dit bonjour même s’il on se croise juste en voiture ! On dirait qu’une connivence générale se forme entre tous les voyageurs qui se rendent vers le lieu le plus reculé d’Australie. La première vraie surprise sur cette route est qu’elle ne traverse pas une zone si désertique que cela. A certains endroits, on retrouve des petits arbres et pratiquement partout il y a des herbes. On nous apprend par ailleurs qu’il n’a jamais autant plut dans le coin depuis 10 ans. Ceci expliquant peut-être cela... Néanmoins, cela ne nous empêche pas de voir de temps à autres des vaches ou des kangourous morts le long de la route, probablement de déshydratation (mais aussi fauchés la nuit). Les cadavres sont ensuite dévorés par les corbeaux et les aigles. On observe également quelques carcasses de véhicule en tout genre, abandonnées au milieu de nulle part. Les propriétaires ont surement jugé préférable de laisser leur véhicule ici plutôt que d’appeler un dépanneur ! Nous avons même l’occasion d’admirer un minibus hors d’état qui, d’après la pancarte située sur le toit, s’est transformé en hôtel !! Mis à part ces petites distractions passagères, la route est très monotone de part sa longueur qui s’étend à perte de vue. Nous avons ainsi le sentiment d’avancer vers un horizon inatteignable où seuls les mirages ont accès. Ajoutée à la chaleur écrasante, la lassitude se ressent assez vite. Nous devenons apathiques et la somnolence pointe le bout de son nez. Le "In the desert you can remember your name…" prend ici tout son sens. Pour y remédier, nous faisons des relais de 1h30 entrecoupés de pauses thé/café sur des aires de repos.

 
Route droite interminable !

 
Certains de ces road trains (ceux transportant l’essence) peuvent avoir jusqu’à quatre remorques maximum

Lac de sel au beau milieu du désert

Un chemin de fer, pour le transfert de marchandises, suit en grande partie la Stuart Highway


     Des petites "villes" d’une poignée d’habitants (avec seulement deux rues construites la plupart du temps comme dans les westerns !) se créent tout du long. La plus grande d’entre-elles, Coober Pedy est une ville minière dont les habitants fouillent frénétiquement sur les kilomètres alentours le sol à la recherche d’opale, pierre semi-précieuse et multipliant ainsi les monticules de sables (transformant le désert en ce que Bill peut faire du jardin des parents de Boule lorsqu’il ne retrouve pas son os). Avec ces rues vides et ces taules froissées, nous avons vraiment affaire à une ville fantôme lorsque nous pénétrons dans l’enceinte. Certaines habitations (comme l’église) sont construites sous le sol ou à l’intérieur des collines car à cet endroit, la température peut atteindre des sommets, jusqu’à près de 60° C l’été ! Après quelques emplettes, nous préférons ne pas trop nous attarder dans ce lieu morne.

 
"Bienvenue dans l’Oklahoma..."

 
Coober Pedy, ville minière située en plein désert



     Nous arrivons finalement à Alice Springs, grande dame de l’Etat du Northern Territory,  le jour suivant. Contrairement à ce que nous imaginions, la ville est située en plein cœur d’une chaîne de montagne, les MacDonnell Ranges. L’endroit est beaucoup plus accueillant et on ressent fortement la culture indigène. En effet, la population est en bonne partie aborigène et nous pouvons admirer à loisir les multiples galeries d’art exposant les peintures colorées des artistes locaux. Nous terminons cette journée en allant se rafraichir la gorge et poser nos pieds dans un authentique saloon ! Après avoir poussé les indémodables portes battantes, nous allons commander une bonne bière bien fraiche dans cette atmosphère à l’ambiance moite. Le bar est orné de bêtes à cornes en tout genre, de fusils, de revolvers, du cheval et de quoi faire la bringue (poursuivis par Smith & Wesson, Colt, Derringer, Winchester et Remington...) ainsi qu’un magnifique tableau crayonné représentant les grands noms du Western américain. Les deux salles que comptent l’établissement ne sont pas en reste non plus : des tabourets en selles de cheval (pas très confortable faut bien l’avouer), des santiags et des vieux billets collés au plafond, un squelette de crocodile, un énorme piège-à-loups capable de te choper un dinosaure easy-peasy, un devant de voiture découpé, une cabine téléphonique à l’ancienne, un squelette de biker sur son chopper, un vigil maori, un vieux piano-bar et Jim Morrison "Live on Air", comme il est écrit sur la scène en bois qui trône dans un coin. Il ne manquerait plus qu’un indien scalpe sa mousse, boive et repose son verre sur le zinc ! Le lendemain, après avoir visité une dernière galerie, nous reprenons la route en direction d’Uluru, la montagne sacrée...

 

 
"John Wayne, c’est toi ou c’est moi ?"

 
Ceci est le plafond du saloon...

 
Saurez-vous trouver tous les noms des acteurs et actrices représentants les grands noms du western sur ce tableau ?

 


  
Simpson Gap, situé près D’Alice Springs dans les MacDonnell Ranges