mardi

Let's go get lost (08-13 oct. 2010)

 
Alice Springs,  Northern Territory state, Australia

     Pour venir à Alice Springs, rien de plus simple. Il suffit de prendre la Stuart Highway et d’aller tout droit, tout droit et encore tout droit pendant près de 1600 km…  Les pionniers qui ont tracé la route à l’époque ne se sont pas vraiment posés de questions sur de quelconques sinuosités de la route ! Mais avant de débuter ce long périple, nous partons faire un détour vers les Flinders Ranges, petite chaîne montagneuse située au Nord-est d’Adélaïde. Nous n’avons alors jamais été autant éloignés de la mer et nous ressentons vivement le climat continental beaucoup plus chaud et lourd. D’ailleurs les moustiques ont déserté la place, pour la grande majorité, et ont été remplacés par des kyrielles de mouches. On n’en a jamais vu autant ! Il y’en a tellement que l’on est obligé de se recouvrir entièrement le visage de tissus à certaines heures. On commence à croire que le folklore local, racontant que si les gens du centre parlent la bouche fermée c’est à cause de ces diptères, contient un brin de vérité. Nous avons le droit aussi à une autre "Plaie d’Egypte" : une myriade de sauterelles balaie plusieurs kilomètres de routes. On ne se rend pas tout de suite sur quoi nous roulons (ce ne sont pas des gâteaux secs ça… Indiana!) tellement ils sont en nombre important ! Toutefois, on a la chance d’apercevoir de nombreux rapaces, des aigles a fortiori, ce qui est somme toute logique vu les reliefs aux alentours. Les Flinders Ranges sont émaillées de plusieurs canyons dont il ne reste que des traces d’’anciennes rivières et où les différentes couches sédimentaires peuvent parfois être visibles. Cependant, nous sommes légèrement déçus d’autant plus qu’il nous est difficile d’accéder à certains endroits en van à cause de l’état des pseudo-routes. Ces dernières sont tellement bosselées et craquelées qu’il nous arrive d’être frappés de la maladie de Parkinson pendant plus d’une demi-heure lorsqu’on s’aventure au-dedans. Finalement ce qui nous intéresse le plus là-bas, ce sont les peintures réalisées par les aborigènes dans de nombreuses grottes. Elles représentent généralement les activités liés à la chasse (émeus, kangourous) ou la vie en communauté comme les rites de passage. Peindre sur un territoire donné marque la propriété (au sens de responsabilité) d'un clan ou d'une personne et représente pour eux surtout une forme de spirutualité. Ce type de peinture a probablement réalisé il y a plus de 5ooo ans...

 
Non Guillaume n’essaie pas de ressembler à Richard Harrison dans l’un de ses nombreux nanars de ninjas ! La quantité de mouche le midi est telle que l’on est obligé de se recouvrir le visage dans certains endroits

 
Les Flinders Ranges

 
Une des nombreuses peintures aborigènes. En haut à gauche, ici des traces d’émeus ont été peintes. Au centre et sur la gauche, les traits représentent le rituel d’initiation des  femmes. Elles dansent et chantent en ligne jusqu’à ce que les sentiers soient usés


     Après ce léger détour de quelques 300 km, nous regagnons la Stuart Highway près à convoyer directement vers Alice Springs. Comme cette route est la seule à passer par le centre de l’Australie, où les ressources vitales viennent à manquer, de nombreux camions en tout genre (essence, nourriture etc.) partent ravitailler les quelques habitants de la région. Enfin, quand on parle de camions, c’est plutôt du genre mastodontes de plus de 50 mètres de long avec quelques 64 roues pour soutenir et faire avancer la bête ! Ces engins, appelés des road train, ne se rencontrent que sur cette route qui s’étend d’Adélaïde à Darwin et ont le statut de prioritaire. Le truc marrant, c’est qu’ici tout le monde se dit bonjour même s’il on se croise juste en voiture ! On dirait qu’une connivence générale se forme entre tous les voyageurs qui se rendent vers le lieu le plus reculé d’Australie. La première vraie surprise sur cette route est qu’elle ne traverse pas une zone si désertique que cela. A certains endroits, on retrouve des petits arbres et pratiquement partout il y a des herbes. On nous apprend par ailleurs qu’il n’a jamais autant plut dans le coin depuis 10 ans. Ceci expliquant peut-être cela... Néanmoins, cela ne nous empêche pas de voir de temps à autres des vaches ou des kangourous morts le long de la route, probablement de déshydratation (mais aussi fauchés la nuit). Les cadavres sont ensuite dévorés par les corbeaux et les aigles. On observe également quelques carcasses de véhicule en tout genre, abandonnées au milieu de nulle part. Les propriétaires ont surement jugé préférable de laisser leur véhicule ici plutôt que d’appeler un dépanneur ! Nous avons même l’occasion d’admirer un minibus hors d’état qui, d’après la pancarte située sur le toit, s’est transformé en hôtel !! Mis à part ces petites distractions passagères, la route est très monotone de part sa longueur qui s’étend à perte de vue. Nous avons ainsi le sentiment d’avancer vers un horizon inatteignable où seuls les mirages ont accès. Ajoutée à la chaleur écrasante, la lassitude se ressent assez vite. Nous devenons apathiques et la somnolence pointe le bout de son nez. Le "In the desert you can remember your name…" prend ici tout son sens. Pour y remédier, nous faisons des relais de 1h30 entrecoupés de pauses thé/café sur des aires de repos.

 
Route droite interminable !

 
Certains de ces road trains (ceux transportant l’essence) peuvent avoir jusqu’à quatre remorques maximum

Lac de sel au beau milieu du désert

Un chemin de fer, pour le transfert de marchandises, suit en grande partie la Stuart Highway


     Des petites "villes" d’une poignée d’habitants (avec seulement deux rues construites la plupart du temps comme dans les westerns !) se créent tout du long. La plus grande d’entre-elles, Coober Pedy est une ville minière dont les habitants fouillent frénétiquement sur les kilomètres alentours le sol à la recherche d’opale, pierre semi-précieuse et multipliant ainsi les monticules de sables (transformant le désert en ce que Bill peut faire du jardin des parents de Boule lorsqu’il ne retrouve pas son os). Avec ces rues vides et ces taules froissées, nous avons vraiment affaire à une ville fantôme lorsque nous pénétrons dans l’enceinte. Certaines habitations (comme l’église) sont construites sous le sol ou à l’intérieur des collines car à cet endroit, la température peut atteindre des sommets, jusqu’à près de 60° C l’été ! Après quelques emplettes, nous préférons ne pas trop nous attarder dans ce lieu morne.

 
"Bienvenue dans l’Oklahoma..."

 
Coober Pedy, ville minière située en plein désert



     Nous arrivons finalement à Alice Springs, grande dame de l’Etat du Northern Territory,  le jour suivant. Contrairement à ce que nous imaginions, la ville est située en plein cœur d’une chaîne de montagne, les MacDonnell Ranges. L’endroit est beaucoup plus accueillant et on ressent fortement la culture indigène. En effet, la population est en bonne partie aborigène et nous pouvons admirer à loisir les multiples galeries d’art exposant les peintures colorées des artistes locaux. Nous terminons cette journée en allant se rafraichir la gorge et poser nos pieds dans un authentique saloon ! Après avoir poussé les indémodables portes battantes, nous allons commander une bonne bière bien fraiche dans cette atmosphère à l’ambiance moite. Le bar est orné de bêtes à cornes en tout genre, de fusils, de revolvers, du cheval et de quoi faire la bringue (poursuivis par Smith & Wesson, Colt, Derringer, Winchester et Remington...) ainsi qu’un magnifique tableau crayonné représentant les grands noms du Western américain. Les deux salles que comptent l’établissement ne sont pas en reste non plus : des tabourets en selles de cheval (pas très confortable faut bien l’avouer), des santiags et des vieux billets collés au plafond, un squelette de crocodile, un énorme piège-à-loups capable de te choper un dinosaure easy-peasy, un devant de voiture découpé, une cabine téléphonique à l’ancienne, un squelette de biker sur son chopper, un vigil maori, un vieux piano-bar et Jim Morrison "Live on Air", comme il est écrit sur la scène en bois qui trône dans un coin. Il ne manquerait plus qu’un indien scalpe sa mousse, boive et repose son verre sur le zinc ! Le lendemain, après avoir visité une dernière galerie, nous reprenons la route en direction d’Uluru, la montagne sacrée...

 

 
"John Wayne, c’est toi ou c’est moi ?"

 
Ceci est le plafond du saloon...

 
Saurez-vous trouver tous les noms des acteurs et actrices représentants les grands noms du western sur ce tableau ?

 


  
Simpson Gap, situé près D’Alice Springs dans les MacDonnell Ranges


1 commentaire:

  1. Fantastique lecture que tu nous offres Guillaume !
    Bonne route, Ya Alex qui est dans le Queensland à Emerald, jte file son mail : alexleroyer@hotmail.fr

    Biz mon pote !

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