jeudi

Volunteers in Australia (28 fév. –13 mars 2011)

        Après quelques errances dans l’université, nous trouvons le département de zoologie où nous pourrons certainement obtenir de plus amples informations. A l’accueil personne ne connait Linda Thomson ou Michael Nash. Par chance, un type à côté de nous a une amie qui travaille avec Michael et propose de nous aider. Après quelques échanges rapides, nous comprenons rapidement que nous sommes tous français de par notre accent commun ! Le gars s’appelle Bastien (il ressemble à un mix entre Michael J Fox et Malcom, personnage principal de la série éponyme) et vit en Australie depuis près de trois ans où il a commencé une thèse sur les requins. Bastien nous emmène donc jusqu’au building où travaille Michael, building qui se trouve en fait juste à côté de l’université (nous aurions pu chercher encore longtemps sans son aide !). Il appelle ensuite son amie qui vient nous rejoindre pour nous servir de guide. Nous faisons ainsi la connaissance de Jessica, jeune femme franco-congolaise en dernière année de thèse de biologie végétale et de génétique des populations, travaux qui sont en rapport avec ceux de Michael. Avant de nous quitter, elle nous emmène jusqu’au bureau où travaille notre fameuse Linda. Lorsque nous entrons dans son bureau et que nous présentons nos plus plates excuses pour ce retard inopiné, elle se contente de nous faire un grand sourire tout en nous disant que nous ne sommes pas pressés. Nous nous rendons vite compte que cette dame d’un certain âge, professeur en biologie, est vraiment excellente et toujours prête à nous aider au moindre souci. Pendant qu’elle nous donne nos cartes (à chaque fois que l’on veut ouvrir une porte on doit utiliser notre carte… Ca c’est de la sécurité !), nos clefs de vestiaires et qu’elle nous fait faire la visite des lieux, nous parlons de tout et de rien, de l’Australie et de la France principalement, où elle a passé des vacances à Locmariaquer dans le Morbihan (il est surement inutile de préciser qu’elle a adoré la côte bretonne, son soleil et l’ambiance locale !). Elle nous amène finalement au deuxième étage du building dans un laboratoire où se trouve notre lieu de travail et où nous passerons le plus clair de notre temps. Elle nous confie ensuite à Cindy, post-doctorante, qui s’occupe de nous montrer toutes les règles de sécurité du labo.

 Vue du hall de Bio21, le batiment ou on travaille
 
            Michael étant parti sur le terrain toute la semaine pour des relevés d’échantillons, Linda revient nous voir en fin de matinée pour nous montrer une partie du travail qui nous attend. Il s’agit en l’occurrence de déterminer sur différentes espèces de plantes quelles graines sont viables/non viables et quelles sont celles qui ont été parasitées par des insectes. Ce n’est certes pas bien passionnant, et même plutôt répétitifs disons-le tout net, mais il faut bien se faire les dents avant de partir nous aussi sur le terrain dans deux semaines. Et puis surtout, nous travaillons dans le département CESAR qui est sous la direction de Ary Hoffmann, scientifique mondialement reconnu et multi-récompensé. Alors qu’importe ce que nous faisons quand nous pouvons mettre dans notre C.V. que nous avons travaillé pendant un mois en tant que stagiaire pour le compte de monsieur Ary Hoffmann. Il est possible que cela puisse faire la différence quand nous chercherons une thèse à notre retour en France. L’autre partie de notre travail nous sera montré le lendemain par un certain Matt Hill, doctorant en deuxième année. Il nous reste cependant une dernière chose à éclaircir : qu’en est-il de l’accommodation (nourriture et logement offert par la fac) dont Michael nous avait parlé. Personne n’étant en mesure de nous répondre, Linda appelle Michael pour en savoir plus. Il s’avère que l’accommodation dont il nous avait parlé n’est valable que pendant la partie terrain de notre stage et qu’à Melbourne nous devrons nous débrouiller par nous-mêmes. Outch ! on n’avait pas prévu ça dans notre budget. Avec l’aide de Linda, on essaye de trouver une solution. Elle envoie un mail à tous les chercheurs de l’équipe pour savoir si l’un d’eux peut nous héberger pendant que nous regardons les prix des apparts. En Australie, il n’y a pas de logements étudiants et les loyers sont extrêmement élevés, du genre 160 dollars par semaine par personne ! Nous n’avons évidemment pas l’argent pour le faire et nous nous résignons à sortir tous les soirs de la ville pour dormir dans notre van sachant le bordel monstre que c’est tous les matins pour entrer et circuler dans Melbourne.


             Heureusement pour nous, Jess propose de nous héberger chez elle le temps qu’il faudra. Elle habite assez près de l’université en colocation avec deux autres australiens dans le quartier Nord de la ville. Elle veut bien nous laisser sa chambre, tandis qu’elle ira dormir chez son copain. Nous venons à peine de faire sa connaissance et voilà qu’elle se montre si généreuse avec nous en partageant son logement. Franchement, nous ne pouvions pas mieux tomber. Le soir, nous faisons la connaissance de ses deux colocs Anthony du Queensland et Andy du Victoria. Les deux mecs sont sympas mais nous sentons très vite que cette histoire dérange Anthony. Trois heures à peine être arrivés dans leur maison, Anthony n’en peut plus et demande à ce que nous partions le lendemain matin. Apparemment, il ne se sent plus chez lui et il n’aime pas trop l’idée que des étrangers (voleurs potentiels) s’installent quelques temps dans sa demeure. La tension dans la pièce monte alors crescendo. Jess ne s’attendait pas une réaction comme celle-là de sa part. Nous essayons de détendre l’atmosphère car nous nous sentons responsable vis-à-vis de Jess et nous ne voulons pas que la relation avec son coloc se détériore à cause de nous. Nous comprenons parfaitement la situation et nous disons à Anthony que nous quitterons les lieux le lendemain comme il le souhaite et que cela ne nous pose pas de problèmes. Après tout, nous ne sommes pas chez nous et chacun est libre de faire ce qu’il veut. Nous sommes juste un peu étonnés qu’un gars comme lui fasse de la collocation s’il n’accepte pas ce genre de situation. Andy nous explique que son coloc a de fortes tendances paranoïaques et que c’est la raison principale de son refus. Il nous dit aussi qu’il va essayer de le faire changer d’avis même si nous ne nous faisons pas trop d’illusions.

            Le lendemain, nous débutons notre véritable première vraie journée de travail. Et c’est parti pour une matinée comptage de graines à la loupe ! L’ambiance dans le labo est très décontracte, personne ne se prend la tête, on se fond ainsi en un rien de temps dans notre nouvel environnement. Matt arrive en début d’après-midi. Il vient nous expliquer l’autre moitié de notre travail. Cette moitié consiste à regarder sur des vidéos à partir de quelle température les collemboles (petits insectes), issus de différentes populations,  tombent dans le coma puis enfin de déterminer la température maximale pour laquelle ils conservent encore leur activité motrice. Ce travail, long et fastidieux, est aussi guère passionnant. A force de regarder à quel moment des bestioles arrêtent bouger sur un écran d’ordinateur, on devient rapidement fou. Il ne faut vraiment pas être épileptique ! Pour changer de notre routine, Matt nous montre et nous fait participer à ses expériences pour son doctorat qui tournent autour de l’incidence du réchauffement climatique sur certains insectes comme, par exemple, les coccinelles. Cela nous permet surtout de voir autre chose, de faire d’autres petits jobs de chercheurs, de visiter d’autres endroits de la fac, notamment les différentes salles où l’on s’occupe d’augmenter les populations de certains moustiques (comme ils se nourrissent de sang, tu peux donner ton bras en pâture pour 10 dollars de l’heure !) qui sont essentiels pour la régulation d’autres populations de moustiques dans certaines zones australiennes. On commence ainsi à avoir un bon aperçu de ce que font une partie des chercheurs ici. Et puis, Matt est bien relax comme type et c’est intéressant de discuter avec lui. D’ailleurs, nous apprenons qu’il a vécu dix ans en Tasmanie. Du coup, il va pouvoir nous donner les coins intéressants à aller visiter là-bas. Le soir même, nous partons à la recherche dans un endroit où dormir. Finalement, le problème du logement se résout assez facilement. Après quelques tâtonnements, nous trouvons un coin tranquille situé à cinq minutes de l’Université auprès d’un parc. Nous pouvons ainsi dormir dans le van en minimisant les bruits de la ville et sans nous faire réveiller par la police au petit matin. De toute manière, nous passons la majeure partie de notre temps dans le bâtiment où nous travaillons. Le building est moderne et possède un nombre suffisant d’équipements mis à disposition des employés. Nous pouvons ainsi nous laver, prendre nos repas à l’intérieur, ou nous reposer dans des lieux confortables. En fin de compte, nous ne restons dans le parc que pour dormir. Avec ce système, nous avons l’impression d’êtres de véritables SDF, ce qui nous fait tout de même bien marrer.

 

 La, c'est Matt, notre thesard a nous

            La semaine suivante voit le retour de Michael (Nashy pour les intimes) dans le labo. Il s’agit d’un chercheur qui partage son temps entre l’université et une ferme où il cultive du blé, à quelques heures de Melbourne. C’est un bon vivant, pas de doutes à ça ! Et un homme du bush, son accent ne trompe pas quand nous l’entendons parler la première fois. Après une petite phase d’acclimatation, nous nous habituons de plus en plus à son élocution rapide. Il s’informe de ce que nous avons fait, nous révèle qu’on ne partira sur le terrain que la semaine suivante. Ce sera à Falls Creek dans un appartement, dans ce qui, en hiver, sert de station pour tous les touristes qui viennent faire du ski dans les montagnes. Il nous demande aussi de prévoir une tente, peut-être partirons nous plusieurs jours de suite dans les montagnes pour échantillonner. Randonnée en perspective donc. Après tous les détails réglés, il nous demande où on vit et nous propose de nous installer le soir même dans son garage ! Nous acceptons l’offre plus que généreuse : il nous parle d’un canapé-lit ! Ô joie ! Nous débarquons chez lui le soir, il a installé un matelas et déplié le canapé lit dans son garage. C’est parfait ! Il nous donne les clés de la maison, nous dit de faire comme chez nous et nous invite, le soir même à manger avec lui, sa femme et sa fille. Nous faisons ainsi connaissance d’Amelia, enfant de 6 ans souriante et hyperactive comme tous les enfants de son âge ! Elle court dans tous les sens dans la maison, fait le poirier sur le canapé, et nous amuse beaucoup. Elle parle étonnamment clairement en anglais, c’est dû à son jeune âge, et c’est un plaisir de parler avec elle ! On se fait comprendre aussi très facilement. Au repas, nous nous attablons donc. Lenny, la femme de Michael, a cuisiné des pommes de terre, carottes et un gros rôti de porc. De l’excellente viande comme on n’en a pas mangé depuis longtemps, et que Michael, amateur de bon vin, se fait une joie d’accompagner par une première bouteille de rouge, provenance de la côte ouest. Il a choisi pour l’occasion un vin très sec comparé à la moyenne des vins australiens (qui d’une façon générale sont sélectionnés pour leur gout fruité, trop sucré à notre gout de français). Il connait nos gouts, on adore le vin. Une deuxième bouteille ne tarde pas à atterrir sur la table, la conversation est vive et chaleureuse. On passe là une excellente soirée. Politique, sciences, cultures respectives, tous les sujets passent. On apprend à mieux connaitre Michael qui est un homme épatant. On va bien s’amuser quand nous serons posés dans l’appartement à Falls Creek, c’est certain !

 Quentin compte des graines

  Le garage de Michael ou nous allons habiter jusqu'a la fin du stage

            Le retour à une vie citadine après plusieurs mois de voyage à travers le bush permet de voir une autre facette de la vie en Australie. Matt se charge avec Jess de nous faire découvrir du monde. Ainsi comme tous les vendredi soirs, nous terminons la semaine de travail à l’université en allant boire une bière au pub irlandais le plus proche avec d’autres doctorants, post-doctorants, chercheurs, tout le petit monde de la biologie avec qui ont partage les labos. C’est une ambiance conviviale et nous faisons la connaissance de moult personnes excellentes. Citons par exemple Pip (Philippa), Brian, Clare, Briony, Kate, etc. Kate est justement sur le point de terminer sa thèse : elle rend son manuscrit dans la semaine et nous sommes invités à fêter ça le samedi de la semaine suivante, dans la maison où elle vit en collocation avec Pip (qui fête elle aussi la fin de sa thèse, terminer quelques jours à peine avant celle de Kate). Seule consigne : amenez ce que vous boirez. Tout ça ressemble de près à une soirée à la française, dites donc… Et ça fait des plombes qu’on n’a pas eu l’occasion de faire une soirée ! Bref, on se remet vite fait dans l’ambiance étudiante. Entre temps, nous multiplions les activités : on se remet au sport universitaire, on en profite pour aller dans des zones où nous n’étions encore jamais allés tel le quartier de St Kilda, on goûte également à la nourriture typique australienne comme  Le garage de Michael ou nous allons habiter jusqu'a la fin du stagele kangourou cuit au barbecue (pas mauvais du tout) et puis surtout nous nous laissons gagner par l’ambiance festive de Melbourne, ville très dynamique que nous commençons à beaucoup apprécier il faut bien l‘avouer. Nous passons ainsi un agréable moment lors du dernier marché de nuit en compagnie de Jess et ses potes (excellent melting-pot international) pour célébrer la fin de l’été. De même, nous nous empressons d’accepter lorsque Matt nous propose de le rejoindre au festival de musique, qui a lieu chaque année dans une des plus grandes avenues de la ville, pour trainer, boire des bières et écouter de la musique avec quelques autres larrons. Une fois sur place, nous nous mêlons à la cohue avec engouement. Le tram est bloqué, les voitures sont gentiment priées de faire un gros détour si elles veulent traverser la ville et les pubs sont blindés. Plusieurs petites scènes ont été installées le long de l’avenue. La musique éclectique du festival vient d’un peu partout dans le monde et c‘est avec plaisir que nous écoutons du blues japonais, de la country australienne, de la musique traditionnelle libanaise ou encore des vibes africaines. Durant cette journée, nous retrouvons Bastien, le français que nous avions rencontré en premier à notre arrivée. Il nous propose, si ça nous intéresse, de venir observer son travail sur les requins, en disséquer aussi, pendant toute une journée, histoire de changer de nos graines et de nos insectes pour découvrir de nouvelles choses. Bonne idée, nous fixons un jour dans la semaine où nous irons travailler avec lui. Nous sommes sur tous les fronts ; l’agenda est donc vite remplit jusqu’à notre départ pour Falls Creek et le travail de terrain.

 Le festival de Brunswick, s'etalant dans une rue de Melbourne

 Un luthier un peu etrange etait sur le festival

 Guillaume et Jess, la thesarde francaise
             Après un début de seconde semaine ressemblant traits pour traits à la première niveau boulot, nous partons le jeudi pour le département de zoologie, comme nous l’avions convenu avec Bastien, où nous attendent des requins prêts à être disséqués. C’est parti pour quatre heures les mains dans le poisson comme il dit. Il nous parle de son trafic de mafieux avec les pêcheurs de la criée de Melbourne. Il nous raconte comment ça fonctionne .En échange des requins (pris "malencontreusement" dans leurs filets) récupéré par Bastien, les marins sont payés en pack de bières ! L’histoire est marrante et il y a assez de matériel pour faire un bon Scorsese ! Parfois, il doit disséquer sur place et dans ce cas précis faire fissa, parfois il peut ramener les requins au labo et prendre son temps comme c’est le cas pour cette fois-ci. La fournée d’aujourd’hui comporte une petite vingtaine de requins, mâles et femelles, de la même espèce. Avec la pratique, il est devenu un vrai expert de la dissection de chondrichtyen. Tu m’étonnes avec pas moins de 800 bestiaux disséqués, il peut prétendre au grade ! Le travail est assez simple. Tout d’abord déterminer le sexe, puis couper les ailerons pour déterminer l’âge (une strie se forme à peu près tous les ans un peu à la manière des arbres), mesurer différentes longueurs avant d’éventrer le requin avec soin, s’il vous plaît. A l’intérieur, un peu de tout est mesuré  puis pesé : taille des gonades, des utérus ou des testicules c’est selon, du foie (chez le requin il peut prendre jusqu’à 25% du volume de l’animal), etc. On voulait voir autre chose et bien a pu ! Un café bien mérité et on repart jusqu’à la fin de semaine à nos graines et vidéos si bien que nous ne sommes pas fâchés quand arrive le week-end. Comme prévu, nous nous rendons à la soirée chez Pip et Kate (avec la grande habitude qui nous caractérise d’arriver avec quelques heures de retard car même à l’autre bout du globe on ne change pas les bonnes vieilles habitudes !) pour célébrer leur fin de thèse et leur futur départ à l’étranger. Et oui après avoir fini sa thèse, c’est deux ans de post-doc : en Suisse pour Pip et en Belgique pour Kate. L’ambiance de la soirée est vraiment excellente et on en profite à fond… Nous rentrons au petit matin chez Michael, l’esprit quelque peu embrumé ... Dimanche c’est repos avant le départ pour Falls Creek et sa montagne.



 Session dissection

 Soiree Chez Pip et Kate. Michael, c'est le gars avec la superbe chemise a carreau

 Tout le petit monde de la fac. Notez Briant, le mec au T-shirt noir qui est encore en plein dans le rythme des rolling Stones.

Back dans les bacs (22-28 fév. 2011)

 
Melbourne, Victoria State, Australia

 
Route 23


     Canberra, capitale administrative de l’Australie, est située dans le tout petit Etat de l’Australian Capital Territory, Etat d’une ville en fait. C’est en 1901, après que les différentes colonies ont été fédérées pour devenir des Etats, que la décision de créer une capitale a été prise. Une fois le choix de l’emplacement fait puis la construction de la ville terminée, le siège du gouvernement national a pu être construit. Mais ce n’est qu’en 1927 que le siège administratif a été transféré de Melbourne pour s’installer définitivement à Canberra. Ainsi, du fait de la jeunesse de la ville, le plan d’urbanisation est relativement moderne. La capitale est construite en plusieurs cercles  agencés les uns par rapport aux autres. Le cercle principal au milieu duquel se situe le nouveau parlement a été créé sur une île artificielle ! Le bâtiment, très extravagant, a été construit en 1988 pour la modique somme de 1,1 milliards de dollars. Le toit est recouvert de pelouses où nous pouvons nous promener. En son centre, un porte-drapeau de 81m de haut soutient un drapeau australien long comme deux bus. A l’intérieur, l’architecture est plus classique avec de grandes colonnes dans le hall d’entrée, un mobilier chic, une salle de réception luxueuse ou encore les portraits des différents premiers ministres qui se sont succédés et autres hommes politiques importants. L’autre lieu important à aller visiter à Canberra est  le Musée National d’Australie. Il s’avère en effet être très intéressant et en vaut clairement le détour. La visite commence par un théâtre rotatif qui nous présente un récapitulatif rapide de l’histoire du pays, dans un excellent jeu d’images et de sons, depuis l’arrivée des premiers blancs (James Cook principalement) aux jours d’aujourd’hui en passant par La conquête de l’or ou encore la Seconde Guerre Mondiale. Nous retrouvons ensuite ces différents thèmes exposés sous forme de mini expositions. Nous apprenons ainsi plus sur les manifestations pour les droits des aborigènes, la géologie très particulière du pays, la faune étonnante qui habite ici (près de 80% des espèces animales sont endémiques), le désert etc. Nous avons devant nos yeux un véritable panorama de ce que représente l’Australie pour ses habitants. Notre coup de cœur revient finalement  au dénommé Rolf Harris, musicien connu pour avoir joué de la wobbeboard (planche rectangulaire en plastique qu’on fait vibrer avec ses mains) et être un des premiers blancs à tenter d’intégrer le didgeridoo dans sa musique (dont une reprise de Starway to heaven !). En un mot, son sens de l’humour, son intelligence et ses chansons bien sympathiques nous ont agréablement surpris.


 
Vue du toit du Parlement !

 
Australia flag


 
Rolf Harris

 
La premiere voiture capable de capturer des buffles avec une pince geante !

 

     Après la visite du musée, nous sommes fins prêts à repartir. Alors que nous commençons à rouler, un bruit familier se fait entendre. Encore ce maudit clac-clac. Cette fois-ci, nous l’entendons nettement du côté de la roue avant droite. Un mauvais pressentiment nous assaille. Nous partons directement à la recherche d’un garage pour vérifier tout ça. Lorsque finalement nous trouvons un garage capable de faire ce genre de vérification, il est trop tard les magasins sont déjà fermés. Pour éviter de trop rouler et d’aggraver le problème, nous passons la nuit dans la ville dans une sorte de parc entourant un lac artificiel où de nombreuses personnes viennent faire de la voile et de l’aviron. Nous nous réveillons aux aurores afin d’être dès l’ouverture du garage. Bis repetita, c’est bien le même problème que nous avons eu à la roue gauche. Qu’en y’en a plus y’en a encore ! Au moins cette fois-ci nous nous y sommes pris relativement tôt si bien qu’il n’y a que le roulement à changer. On nous annonce que le van sera prêt à 16h et que cela nous coûtera dans les 200 dollars. On commence à connaître la chanson maintenant. Nous mettons à profit cette journée de glande pour traîner dans la Bibliothèque Nationale où l’accès à internet est gratuit. A l’intérieur, nous nous installons dans le salon où nous pouvons être à notre aise. Juste à côté se trouve les salles d’archives. Dans l’une d’elles, nous pouvons observer entre-autres des vieilles cartes d’explorateurs ainsi que deux magnifiques globes datant du XVIIIème siècle. Ils représentent, pour l’un, le monde tel qu’il était connu à l’époque (c'est-à-dire la même chose que maintenant à quelques différences près) et pour l’autre, les constellations les plus célèbres de la voute céleste sous forme de représentations picturales (Hercule et sa massue, Orion avec son bouclier ou encore Persée et la tête tranchée de la gorgone dans sa main etc.). Nous rentrons en fin d’après-midi au garage pour récupérer notre véhicule. Pas de surprises désagréables nous attendent. Nous réglons la note et sortons de Canberra pour nous diriger tout droit vers les Snowy Mountains (Montagnes Enneigées). C’est dans cette zone alpine que se trouve le plus haut sommet d’Australie. Il s’agit du Mont Kosciuszko dont le point culminant est situé à 2228 mètres. Nous avons l’intention d’y faire un saut avant de retourner sur Melbourne.

 


      Sur le trajet qui mène à cette région montagnarde, nous nous arrêtons le midi pour déjeuner auprès d’une rivière qui semble être un bon habitat pour les ornithorynques. Ces animaux à la morphologie étrange vivent principalement dans l’eau pendant la nuit et restent confinés dans leur terrier durant la journée. De plus, ils sont très peureux et du coup ils sont très difficiles à observer. Qu’importe, nous décidons de partir à leur recherche. Après avoir choisi l’emplacement qui nous paraît le plus adapté à l’observation, nous restons assis et attendons patiemment le couché du soleil. Le lieu est paisible, à peine troublé par le clapotis de l’eau et le chant moqueur des kookaburras. Lorsque le soleil termine sa course au-delà de la ligne d’horizon et que nous ne sommes plus éclairés que par les dernières lueurs rougeâtres puis mauves de l’astre, nous aiguisons nos sens, à l’affût du moindre bruit ou déplacement. Tout près de Guillaume, une masse informe se met en mouvement : un ornithorynque ! Le mammifère nous ayant repérés, se dépêche de sauter à l’eau. Il nage quelque temps puis plonge soudainement au fond de la rivière. Comme il descend la rivière, il s’éloigne de plus en plus de nous. Plus moyen de le voir. Nous courrons alors vers l’aval du cours d’eau aussi furtivement que nous le pouvons. Arrivés là où l’animal avait plongé, nos yeux cherchent frénétiquement partout prêts à détecter le moindre mouvement. La visibilité s’estompe malheureusement peu à peu et il ne nous reste guère de temps avant que l’obscurité ne l’emporte. Soudain, nous voyons apparaitre une masse informe qui nage tranquillement dans le cours d’eau. Nous distinguons plus une ombre que nous ne voyons réellement l’animal mais il s’agit bien d’un ornithorynque que nous reconnaissons à sa manière de se mouvoir. C’est à ce moment précis que la pluie décide de rentrer dans la partie. Au début fine et disparate, elle se transforme rapidement en une averse de forte intensité. C’est bien notre veine ! Il a fait beau et chaud toute la journée et il a fallu que la pluie vienne tout perturber. Trempés, nous battons en retraite pour nous abriter. Nous ne pourrons pas faire mieux même s’il faut reconnaître que c’est déjà pas mal d’avoir entre-aperçu ces animaux endémiques d’Australie et dont la population est faible, qui plus est. Nous poursuivons notre chemin pour dormir au pied de la montagne que nous irons gravir dès le lendemain.

            Après une nuit fraîche comme nous n’en n’avions plus connu depuis près de cinq mois, nous partons à l’assaut du mont. Près de 10km pour atteindre le sommet avec un dénivelé de 400m, ça ne devrait pas être trop compliqué. Nous avançons rapidement observant le paysage nous entourant. Il n’y a pas de montagnes dominantes à proprement parlé mais plutôt un plateau surélevé où des pic rocheux émergent d’un peu partout. La végétation se fait rare à cette altitude. Seuls des eucalyptus ont élu domicile sur les flancs des montagnes au début de notre progression. Nous atteignons finalement le sommet du Mont Kosciuszko (nom polonais en hommage au premier homme à l’avoir grimpé) en début d’après midi. Après avoir admiré la vue, nous prenons notre déjeuné au sommet savourant notre repas sur le toit de l’Australie. Nous rebroussons ensuite chemin en direction de notre van car nous n’avons pas de temps à perdre. Il nous reste moins d’une journée et demie pour faire les 750km avant d’arriver à Melbourne où nous attend notre stage d’un mois à l’Université des sciences sous la houlette du post-doctorant Michael Nash. Nous reprenons une fois encore la route et malgré la pluie qui nous accompagne durant presque tout le trajet, le paysage vallonné est plutôt agréable à contempler. Nous revenons ainsi dans l’Etat du Victoria, là où tout à commencer pour nous. Et c’est avec une certaine nostalgie que nous accomplissons les derniers kilomètres qui nous permettrons de réaliser un tour complet du territoire australien. Bien sûr, nous ne sommes pas encore allés dans tous les endroits que nous avons prévu puisqu’au mois d’avril, après notre stage, nous prendrons le cap pour la Tasmanie. N’empêche avec ce retour au point de départ, une page importante de notre voyage se tourne. Le dimanche soir, à quelques bornes de Melbourne, nous fêtons notre retour comme il se doit : apéro, gueuleton bien gras, vin rouge. Nous nous rappelons nos premiers pas balbutiants dans les rues de la ville et nous avons alors l’étrange impression que cela remonte à une éternité.




 
Le plus haut point d'Australie


 De retour au point de depart

     Nous nous levons au petit matin, avant le lever du soleil, pour tenter d’arriver à 9h30 dans les temps. Nous avons bien fait de partir tôt car des bouchons entourent la ville. Nous nous demandons alors si nous serons là-bas à temps pour qu’on nous présente les lieux et qu’on fasse la connaissance de nos nouveaux collègues. La circulation est vraiment peu fluide et les minutes s’égrènent inlassablement. Putain, 2h30 pour parcourir 6O bornes ! Ca fait déjà un bon trois-quarts d’heures de retard. Et une fois arrivés sur place, nous nous rendons compte qu’il n’est pas facile de se repérer dans cette université géante, a fortiori quand on ne connait pas les lieux. En premier lieu, nous devons trouver une certaine Linda Thomson qui nous remettra nos cartes d’accès…