mercredi

Thanks Guyving (27- 28 sept. 2010)

     La sonnerie du portable retentit… Nous nous regardons instantanément dans les yeux. La tension est à son comble. Guy nous donne rendez-vous à 7h tapante sur King street, en face du backpacker où nous avions laissé la plupart de nos affaires. Très vite, la crainte d’un nouveau report de départ est éliminée comme le vent balaye les feuilles mortes. Les multiples réparations sont terminées pour la modique somme de 730 dollars ! Malgré ce coût élevé, Guy tient sa parole et le prix du van reste inchangé. On peut réellement dire qu’on a eu une chance incroyable de tomber sur un type aussi sympa. Et à la remise du van, il ne peut s’empêcher d’être ému. Il est néanmoins content que son van puisse faire le tour de l’Australie (croisons les doigts) dans des endroits encore non visités.

Guy Owen et son ex-van

      Après une première nuit dans le van et les derniers papiers administratifs obtenus, nous sommes libres de voyager sur les routes australiennes et d’apprécier la bucolicosité du paysage. Bref, le dingo aboie et le van passe. Nous décidons alors d’emprunter la Great Ocean Road pour relier la région de Mildura, à la frontière de l’état du South Australia.






Aparté (24-27 sept. 2010)

    Trajet jusqu'à Philip's Island, Victoria State, Australia

     Nous prenons un bus qui nous emmène à Cowes, principale bourgade de Philip's Island ,petite île connue entre autre pour abriter la plus petite espèce de pingouin du monde (Eudyptula minor). Eric, pilote du bus à forte moustache – ce qui doit être la cause du fait qu’il n’ouvre quasiment pas la bouche quand il parle un anglais du terroir – et se présentant comme étant un « crazy man », va jusqu’à nous déposer devant l’entrée du camping où nous passons la première nuit.
    
     Le lendemain, nous nous dirigeons vers un parc nommé le Koala conservation center afin d’observer ces mangeurs d’eucalyptus. On s’aventure donc dans une surprenante forêt composée presque exclusivement des ces arbres, ce qui est une première pour nous deux. Malheureusement , nous ne parvenons pas à nos fins : aucun koala ne se montre. En revanche, nombre de moustiques sont au rendez-vous ! Toutefois, la forêt nous réserve d’autres surprises : de nombreux perroquets et cacatoès multicolores, des espèces de passereaux se défiant en concours de chant (et nous décernons la palme au Laughing Kookaburra pour son imitation superbe du rire du macaque !!), des ibis, des serpents et des wallabies curieux aux bonds et rebonds entrainants.
  
 

Cacatoès noir à queue jaune


 Mère kangourou avec son petit

 Quoi ma gueule? Qu'est qu'elle a ma gueule?
 


     Le jour suivant, on décide de se diriger vers l’extrême sud-ouest de l’île où les pingouins sortent la nuit pour parader. Nous nous essayons au stop car le trajet est long, qu’on veut arriver à temps pour la parade (ET QU’ON A DES EPINES DANS LES PIEDS !). C’est un échec. Nous nous faisons une journée de 20 bornes à pieds. Ca en valait la peine, à Shelly Beach nous découvrons des niches renfermant les pingouins. Nous patientons jusqu’à la tombée du jour de les voir sortir, en vain. Nous remontons brocouilles (comme on dit dans le bouchonnois). Lors du retour, nous entendons dans la nuit des cris suspects provenant des buissons. En nous approchant, nous apercevons moult pingouins (et pingouines) en pleine parade, ce qui se résume en des courses poursuites dans tous les sens entre mâles et femelles et qui se terminent par des accouplements bruyants (cris que nous entendions).
 Pingouin dans sa niche

 Mr et Mme Pingouin

 "Je suis le plus petit pingouin du moooonde!" (prendre la voix de JD dans scrubs)

     
     Après une nuit glaciale (une grand-mère nous apprend qu’il n’a plus fait aussi froid en septembre depuis 30 ans ici !), il est temps de rentrer sur Melbourne. Nous attendons en trépignant, dans un mélange d’impatience, d’excitation et d’appréhension, un message de Guy pour savoir si les réparations du van son bel et bien terminées.

Fuckin' crazy man (17-23 sept. 2010)

     Le moins que l’on puisse dire, c’est que trouver un van est beaucoup plus compliqué que prévu ! Les annonces de vente de vans s’annonçaient nombreuses que ce soit sur les différents sites internet ou via les messages laissés dans les auberges de jeunesse. Cependant, à chaque fois c’est la même chose : « Sorry dude, I’ve already sold my van » ou alors le numéro de téléphone n’est tout simplement plus valide. On nous apprend également que Melbourne n’est pas la meilleure ville pour débuter un voyage et qu’il y a plus de choix de vans sur Sydney, Cairns, Perth ou Darwin ! Et à chaque journée qui passe, cette histoire commence de plus en plus à nous prendre la tête. On en vient même à se rabattre pour l’achat d’un wagon (une voiture break) avec le même résultat : walou.

     A cela s’ajoute le problème de transfert d’argent de la France vers l’Australie. Malgré que nos banques respectives soient au courant que nous nous trouvons en-dehors de la zone euro, il ne nous est pas possible de réaliser le transfert nous-mêmes. Après plusieurs mails et textos avec la famille, le problème est finalement résolu mais ce délai nous oblige à rester sur Melbourne plus longtemps pour attendre le transfert d’argent, qui peut mettre une semaine à arriver. Et cela ne nous arrange pas. La vie est loin d’être donnée à Melbourne. Par exemple faire ses courses, outre le fait que le choix de nourriture est abominablement restreint, revient vite très cher. La viande est hors de prix : 36 dollars les 500 g de blancs de poulets en barquette ! (sic). Et puis, on commence sérieusement à avoir des fourmis dans les jambes. Le temps passé ici ressemble aux préparatifs de départ avant une expédition avec son lot d’imprévus. Ce qui nous donne une impression que le trip ne va réellement débuter qu’une fois la ville quittée.

     En revanche, l’ambiance dans le backpacker est vraiment excellente. Le personnel s’occupant de l’auberge est à-la-cool et s’intéresse à ce que l’on entreprend. De plus, il organise des petites bouffes en commun comme les pates du mercredi soir, les pancakes du dimanche midi et même le saucisses-mogette du mardi matin (si si ! Certains d’entre-nous ne sont d’ailleurs pas trop dépaysés !). En ce qui concerne les travellers (voyageurs), ça tourne pas mal et il y a un gros brassage ethnique, si bien qu’au bout de 5 jours, nous nous retrouvons les plus anciens de notre dortoir à 16 places (qui est toujours plein). On se fend particulièrement bien la poire avec Bosman, un sud-africain vivant depuis 3 ans en Australie. Sa vision enfumée de la vie et son humour décalé nous font délirer! Et il déteint sur nous puisque nous reprenons maintenant, et allègrement, son expression «crazy» qu’il utilise à toutes les sauces : « It’s crazy men », « Asiatic girls are crazy», ou encore « Fuckin’ crazy basterd town »… Avec lui, c’est comme si l’on se retrouvait à chaque fois sur le canapé orange de The Wire ! On rencontre également un bon nombre d’européens : allemands, espagnols, anglais ou encore français, venus comme nous avec leur visa vacance-travail. Certains comptent travailler en faisant du  fruitpicking (ramasser les légumes et fruits dans les champs), d’autres préfèrent bosser en ville. Enfin, on a l’occasion de rencontrer un type qui fait du help-exchange. C'est-à-dire qu’en échange du gîte et du couvert, il participe à aider les autochtones et les travaux d’étudiant en biologie. Il a notamment bagué les kiwis en Nouvelle Zélande (les oiseaux pas les fruits… hum) pour une étude scientifique, suivi des cachalots en mer puis est arrivé à Melbourne afin de rejoindre un collègue s’occupant d’ornithorynques… Ca donne envie ! 

 Cuisine du Backpacker

Salle commune du Backpacker

[Il vient d’être dit « ornithorynque ». Notons premièrement pour les ignares, que l’ornithorynque, animal endémique d’Australie, fait parti des monotrèmes, seul ordre des mammifères pondant des œufs. Deuxièmement, ornithorynque c’est le « i » d’abord et le « y » ensuite comme dans bicyclette, callipyge et Sisyphe ; ce qui est le contraire dans cylindre, Cynthia, lyrique, mythique et syrinx. Petit moyen mnémotechnique pour s’en rappeler : « L’ornithorynque mythique tel Sisyphe siffla de son syrinx en cylindre la callipyge Cynthia assise sur sa bicyclette lyrique ». Nous savons parfaitement que cette histoire idyllique est sibylline. Mais remarquez que ces derniers mots mettent tout le monde d’accord.] 

     De notre côté, on ne se formalise pas, on verra bien ce que l’on trouvera comme job même si nous avons une préférence évidente pour le travail dans le bush (campagne australienne). On décide néanmoins que notre parcours, consistant en gros à faire le tour de l’Australie, se fera par le Sud-ouest car cela sera plus facile pour trouver du boulot dans le fruitpicking qui est fonction des différentes saisons. Nous profitons également de notre temps à passer ici pour aller faire un tour du côté de The University of Melbourne, une des six université de Melbourne, afin de se renseigner quant à la possibilité d’effectuer un job ou un stage d’un mois en tant que naturaliste/scientifique. Le professeur Marc Elgar (son nom c’est Algar ou Elgar ?!) nous reçoit dans son bureau pour nous donner des pistes sur des possibilités de travail volontaire pour des doctorants. Entre autres, certains travaillent sur des kangourous, d'autres sur les cygnes des parcs de Melbourne. Nous repartons avec leurs adresses afin de les contacter. On profite de la visite du campus aux fragrances printanières (ça sentait bon les mimosas) et à l’architecture oxfordienne pour chercher un livre sur la faune et la flore australienne à la bibliothèque universitaire. Seul Dédale à pu construire un endroit pareil ! Guillaume s’y est perdu alors Quentin … n’en parlons plus (voir le diaporama Lost in translation).

 


 Corvus sp.

Campus de The University of Melbourne


     Nous trouvons finalement un van pas très récent (1986) mais qui semble en bon état. Nous contactons son propriétaire, Guy (prononcer Gaille), employé d’une boite de skateboard, qui nous propose de l’essayer. Nous roulons 1h heure avec son petit protégé (on roule à gauche évidemment, pour le première fois, et Guy, peu rassuré, nous indique souvent qu’on n’est pas dans la  bonne voie) : ville, périphérique et autoroute histoire de pousser l’engin dans ses derniers retranchements. Celui-ci tient le coup, a encore de la patate à 110 km/h. Nous décidons au retour que nous l’achetons pour un prix raisonnable : $2300. Peut-être est-ce trop raisonnable mais nous allons être joueurs. « It’s all in the game, yo ! ». Guy s’occupe de tous les papiers pour nous, à savoir l’enregistrement du véhicule (qui comprend une assurance au tiers), le transfert de noms des propriétaires et le Roadworthy certificate, sorte de contrôle technique qui déclare, après inspection du véhicule, ce-dernier apte à circuler. Le Roadworthy est encore à faire et Guy prend rendez-vous chez un garagiste dès le lendemain, mais quelques surprises nous attendent alors. Plusieurs réparations sont à effectuer sur le van : pare-brise, pot d’échappement, alignement des phares, etc. Tout est à la charge de Guy, mais nous devons attendre au moins jusqu’au lundi suivant pour récupérer notre véhicule.

     Nous décidons alors de ne pas rester à Melbourne (on en a marre de la ville, on veut voir du grand et du sauvage !) mais de partir en trek de 3 jours sur la côte Sud à la recherche de la plus petite espèce de pingouins du monde, de pélicans et de parcs naturels regorgeant de nature et de vie ! Il ne nous reste plus qu’à nous approvisionner en nourriture puis à acheter le matériel de camping qui nous manque (popote, jerricane d’eau, bouteilles de gaz, matelas, chaises, table…). Au passage, nous sommes allés au Ken Shin Kan de Melbourne, Dojo de kendo proche de notre auberge, afin d’y trouver un boken pour s’exercer. On a plaisir à voir que l’esprit du kendo est intact ici : nous sommes accueillis avec le sourire, ils nous dépannent d’un boken alors qu’il n’en restait plus (sans tsuba mais tan pis) et nous invite à repasser quelques mois plus tard à notre retour à Melbourne pour participer à un entrainement … « Wassaaaa ! Dans le Pao ».
     Nous prenons un dernier déjeuner avant de filer ce vendredi 24 septembre en début d'aprem. Direction la côte au Sud-est de Melbourne.

dimanche

Welcome Australia ! (15-16 sept. 2010)

       6h15 a.m, encore sonnés par les lassantes heures de vol, nous foulons enfin le pays d’Oz. Après avoir reçu nos visas et effectué les divers contrôles douaniers, première surprise : ça gèle ! 6°C le matin, 14°C max l’après-midi. L’hiver est encore bien présent et notre quantité de pull, proche du néant, ne va pas aider dans nos débuts. A cela s’ajoute le décalage horaire qui donne l’impression d’une contraction temporelle où 24h de trajet se traduisent en 33h de temps passé. Au moins, nous avons la chance d’arriver sur un magnifique lever de soleil d’un orange intense.


Melbourne, Victoria State, Australia


      Cela avait pourtant bien commencé : aucun problème de train, nous prenons l’avion à l’heure à Charles de Gaule (malgré le fait que la compagnie ait oublié d’enregistrer nos passeports préalablement). Nos bagages passent, à Séoul, sans notre aide d’un avion à l’autre et nous les retrouvons entiers à Melbourne. Nous avons, pour s’occuper pendant le vol, des jeux (dignes d’Eric Cantonna football), des Cds et des films, dont l’inénanarrable (!) Last airbender ! Cependant petite remarque : évitez les petits-déjeuners coréens quand vous comptez reprendre des forces après deux nuits sans sommeil… à moins d’aimer le porridge aux épices.

      Fraichement débarqués dans l’état du Victoria, nous rejoignons ainsi Melbourne à 30 min de l’aéroport pour rechercher un lieu où dormir : des auberges de jeunesses qu’on appelle ici Backpackers. Nous en trouvons un(e) en plein centre-ville avec petit-déjeuner inclus. L’après-midi, nous nous lançons dans une activité passionnante : rechercher la banque la plus adaptée à notre voyage et obtenir un Taxe file number (TFN) obligatoire, servant aux australiens pour cotiser pour leur retraite. Tout ça nous permet au moins de découvrir la ville, ses parcs, squares, musées, superettes (hors de prix et très mal achalandées ; et nous restons polis !), fast-food en-veux-tu-en-voilà, mode vestimentaire ne craignant pas le froid et autres clichés anglo-saxons. Après plusieurs banques, à discuter anglais des méandres éco-juridico-emmerdants du fonctionnement des banques à travers le monde, nous optons pour le volubile banquier New-Yorkais de la commonwealth Bank of Australia : Omer, produit type de la East-coast. Nous tenons alors à peine nos têtes droites, nos yeux se ferment et la compréhension de l’anglais devient pour le coup plus compliquée. Le manque de sommeil se fait cruellement sentir. Au final, l’ouverture du compte se termine sur un Tchecki-tcheck amorcé par Omer. Vidés par cette journée et le décalage horaire, à 18h30 nous rentrons et tombons dans un sommeil de plomb sur nos lits superposés (dortoir à 16 personnes dans 25m²), sans manger.


 

 



   
     Le lendemain matin,  après un petit déjeuné copieux , c’est « journée détente » car on l’a bien mérité ! Ce qui finalement nous dépayse le plus, ce n’est pas la ville en elle-même qui a une architecture très anglaise avec de grands buildings dans le centre mais plutôt le chant des oiseaux qui est très différent de ceux que l’on entend habituellement, notamment celui du cassican fluteur. On en profite également pour voir une expo sur la culture aborigène au Fédération Square… Le soir, on décide d’aller s’offrir une bonne bière australienne tout en matant, sur écran géant, le quart de final de football australien opposant les magpies de Melbourne contre les cats de Geelong dans le stadium de Melbourne ! La bière est plutôt chère (7,50 dollars le demi) et y’a même pas de Foster ! De plus, on ne comprend pas grand-chose à ce sport qui est un mix entre le football et le rugby avec 2 poteaux de plus par équipe, des passes en service cuillère (style volley), un terrain ovale dont le seul but est de tirer quelque part entre les 4 poteaux de n’importe où du terrain. Et cerise sur le gâteau, ils jouent en marcel avec équipe en maillot bandes noires et blanches verticales contre équipe en maillot bandes blanches et noires horizontales (sont fous ces australiens) ! On passe néanmoins un bon moment et comme les magpies de Melbourne ont gagné, c’est la fête dans toute la ville. En rentrant à l’auberge, on a l’occasion d’observer un bon nombre de possums (bandicoots) plus ou moins curieux. Prochaine mission trouver un van…



Loriquets à tête bleue

Oiseau non déterminé

Cassican flûteur

Art aborigène :


Représentation aborigène des monts Uluru (Ayers Rock) en haut et Tarrawarra (the Olgas) en bas




Possum (Bandicoot, tel le célèbre Crash). Femelle portant sont petit, peu farouche, allant jusqu'à lécher la chaussure de Quentin