vendredi

Hakuna Matata (05-13 déc. 2010)


Exmouth, Western Australia state, Australia



  « Naaaaah touwegna tsoubabiii tsoubaboo héhé wenaaa ah... Un matin de la vie sur la planète, éblouit par le Dieu Soleil… », nous nous réveillons en douceur et de bonne humeur par ce temps estival. L’objectif de ce premier jour de vacance pour notre équipée sauvage, forte d’une nouvelle recrue, est de profiter des eaux turquoise et chaudes de l’Océan Pacifique ! Dans une ambiance oisive de bon aloi, nous en profitons également pour pique-niquer sur une plage quasiment déserte, mis à part le défilé hétéroclite d’oiseaux de toutes plumes qui viennent se nourrir de poissons ou bien encore de fruits de mer. C’est ainsi que nous pouvons observer à loisir des mouettes, des goélands, des cormorans, des pélicans, des huitriers-pies, des sternes et même un faucon de passage qui se côtoient en toute tranquillité. Ce lieu de détente, idéal pour se dorer la pilule fait oublier très vite à Pauline le temps hivernal qui règne à l’autre bout du globe. Néanmoins, pas le temps de trop s’attarder car nous décidons de passer la majeure partie des trois semaines qui nous sont allouées pour visiter une bonne moitié de la côte Ouest de l’Australie où une faune marine exotique nous attend. Après avoir fait une promenade rapide de Perth et de ses alentours, nous faisons le plein de ravitaillements et nous traçons la route direction Shark Bay  Marine Park (la baie du requin !), à quelques 800km de Perth, où se trouve Denham la ville la plus à l’Ouest d’Australie.


 

Pélicans

 
Guillaume et Pauline


     A l’entrée du parc nous nous dirigeons vers Shell beach (la plage du coquillage) qui abrite un nombre incalculable de stromatolithes. Ces derniers sont des cyanobactéries (organismes marins microscopiques de couleur bleu-vert présents sur Terre depuis 3,5 milliards d’années et ayant fortement contribué à la formation du dioxygène dans l’atmosphère) qui se sont agglutinées pour former au cours de milliers d’années nombre d’agrégats comme des champignons juste sous la surface de l’eau. On les trouve au bord d’une plage entièrement constituée de coquillages très compacts ! SI l’ensemble de ces strates de coquillages reste aussi soudé c’est essentiellement dû à la pluie qui décalcifie, en partie, les coquillages créant ainsi du carbonate de calcium qui fait office de ciment. Ce type de formation biostratigraphique, rare au niveau mondial, se révèle très impressionnant. Le lendemain midi, nous arrivons finalement à Denham. Cette petite ville côtière est très sympathique avec sa plage de sable blanc et ses émeus qui se baladent sur la route comme ça, l’air de rien. Nous passons toute notre journée sur la plage à nous baigner et à profiter de ce temps magnifique. Qu’est-ce que ça fait du bien de buller ! Le décor paradisiaque qui nous entoure, le farniente et le sentiment euphorisant de savoir que nous sommes pressés par aucune contrainte permet à nos esprits de vagabonder et de se perdre dans les limbes d’une rêverie enjôleuse. Il règne ainsi une ambiance "Buena Vista Social Club" qui nous va comme un gant… A quelques kilomètres de là se trouve la plage de Monkey Mia, lieu parfait pour observer des dauphins du bord de l’eau. Ces derniers forment un groupe de cinq individus, dont deux très jeunes dauphins, qui sont étudiés par des biologistes. Pour les attirer à eux et enregistrer notamment  leurs communications inaudibles pour l’Homme, les chercheurs les nourrissent (légèrement à hauteur d’un poisson par individu pour qu’ils gardent leur instinct de pêcheur) trois fois dans la matinée à intervalles réguliers. Après cela, les dauphins repartent au loin mais restent tout de même dans le coin si bien qu’au cours de la journée, ils viennent régulièrement au bord de la plage. Nous avons même la chance de voir deux dauphins passer à un mètre de nous pendant que nous sommes dans l’eau !  Sur la plage une ribambelle de crabes se déplace sur de grandes distances pour aller de trou en trou. On peut ainsi observer des affrontements entre individus et apprécier leur vitesse de déplacement qui est très rapide (pas moyen de les attraper) ! D’ailleurs, cette espèce de crabe ne se déplace pas uniquement de côté mais également en ligne droite contrairement à ce que l’on pourrait croire. Pour égayer le tout, des émeus se promènent tranquilou sur la plage en n’ayant rien à secouer de la présence humaine… Quoi de plus normal ! Enfin cerise sur le gâteau, nous apercevons une tortue de mer près du bord et nous partons illico nager avec elle dans les fonds marins (à noter que se faire tracter par une tortue n’est pas aisé !).


Strates de coquillages



Conglomérations stromatolithiques


Ombres chinoises


 
Eagle bluff (falaise de l'aigle)


 
Michael Jackson style !


 
You can’t touch this !

 
Emeu en vacances à la mer


Ne serait-ce pas ce bon vieux Flipper ?!



Hey you !

 
 A la recherche du Bilby, le petit marsupial


Je suis Mû du Bélier !


     Nous continuons notre route en remontant encore plus vers le Nord pour atteindre le Ningaloo Marine Park qui se trouve être une des plus importante réserve sous-marine mondiale puisque qu’elle contient une bonne partie de la barrière de corail de la côte ouest (appelée la petite barrière de corail). La totalité du trajet se passe sous un soleil de plomb assommant. Notre eau se réchauffe à tel point qu’on pourrait pratiquement laisser infuser du thé dans les gourdes ! Par ailleurs, l’atmosphère est lourde et cette zone est très ventée, ce qui donne lieu à des cyclones en été. Pour l’heure, nous avons juste le droit à de petites tornades de sable et à un vent brulant qui nous est d’aucun secours dans notre recherche de refroidissement. Nous rencontrons également tout au long de la route un nombre impressionnant de vaches, de chèvres et de moutons en liberté. A un moment donné, une longue allée de palmiers borde la chaussée au beau milieu de nulle part. En s’approchant de plus près, nous nous apercevons qu’il s’agit d’un cimetière humain dont chaque tombe est représentée par un de ces palmiers. Etrange… Le contraste est d’autant plus saisissant que le paysage est très désertique et ressemble à la route que nous avions prise pour aller à Alice Springs. Seule la ville agricole de Carnarvon dénote avec ses grands champs de manguiers et de bananiers. C’est donc avec joie que nous retrouvons l’océan lors de notre arrivée dans le parc de Ningaloo.


Envol de galahs


Non ce n’est pas une imitation ratée d’Audrey Hepburn chez les Touaregs mais juste le retour des mouches


Pause déjeuné

 
 Arrivée dans les tropiques


     Nous nous arrêtons à la première plage venue, Coral Bay, sanctuaire de la diversité faunistique liée à la barrière de corail. Des lézards se déplaçant sur deux pattes (!),  gravitent sur les dunes de sables blancs. L’eau est tellement limpide au bord que nous voyons aisément les poissons qui nagent dans à peine 60 centimètres de profondeurs ! Un peu plus loin, toutes les teintes possibles et inimaginables de bleu sont présentes et forment un gradient azur enchanteur… Une fois les palmes, le masque et le tuba enfilés, nous nous jetons à la baille. Il ne nous faut pas plus de deux minutes pour atteindre les premiers coraux ! Le paysage sous-marin qui s’offre alors à nos yeux est splendide. On ne sait plus où donner de la tête. Des centaines d’espèces pour des milliers d’individus habitent les récifs coralliens. Nous avons affaire à un véritable hot spot sous-marin. L’énorme diversité faunistique qui existe dans la zone de la barrière de corail est une des plus importantes sur Terre avec la forêt amazonienne. Nous sommes complètement happés par la vie grouillante qui s’agite en-dessous de nous. C’est comme si on se trouvait dans un aquarium géant. Les nombreuses espèces de poissons sont de couleurs et de formes très variées. On y retrouve pêle-mêle : des poissons-lunes, perroquets, demoiselles, papillons, chirurgiens (Dori dans le film Némo) des scalaires etc. et bien d’autres dont nous ne connaissons pas le nom ou que nous n’avons jamais vu. Ils sont si proches de nous qu’on a l’impression qu’en donnant un bon coup de palmes on pourrait les attraper à la main (même si à chaque tentative la bestiole met juste ce qu’il faut de vitesse pour que tu sois hors de portée de quelques malheureux centimètres). Au détour d’un récif corallien, nous pouvons apercevoir une murène tapis dans son trou. Parfois, nous suivons les errements de petites raies marron bordées sur tout leur contour par un bleu foncé ou bien nous nageons en plein milieu d’un énorme banc de poissons… La beauté de ce monde du silence nous laisse sans voix !

     Le meilleur reste cependant à venir au Cape Range National Park dans le sanctuaire Mandu situé plus au Nord près d’Exmouth. Les plages de Lakeside, Turquoise Bay et Oyster Stacks sont des petits coins de paradis pour s’adonner au snorkelling (plongée sans bouteille). C’est un véritable feu d’artifice de couleur chez les poissons où toutes les nuances et tous les mélanges semblent possibles. Certains poissons sont à la fois violet, bleu foncé, bleu clair, orange, jaune et vert ! On observe évidemment les traditionnels espèces benthiques comme les oursins, les bénitiers, les escargots, concombres et étoiles de mer (et une espèce non-identifiée très bizarre et apparemment dangereuse). Nous pouvons également écouter les poissons se nourrir du corail, certains avec des longues dents qui dépassent de leur bouche. Nous observons le ballet des tortues de mer qui sont en pleine période de reproduction ainsi qu’à certaines occasions d’énormes raies de près de deux mètres d’envergure. Les coraux n’étant eux pas en période de reproduction (en mars-avril), ils sont pour la plupart blanc-gris même si certains gardent encore leur teinte verte, rouge, jaune, bleu ou bien mauve (et parabolique… Et vice-et-versa !). Parmi ce festival animalier de tous les instants, nous avons aussi l’occasion de rencontrer des animaux plus « dangereux » comme un serpent de mer, des poissons-pierres et même des requins à pointes blanches ou à pointes noires (dont un de plus de deux mètres) ! Lorsque l’on croise pour la première fois un requin dans son élément naturel, une légère montée d’adrénaline nous parcourt obligatoirement tout le corps bien que ces chondrichtyens préfèrent vaquer à leurs habitudes plutôt que de boulotter de la bonne chair humaine cuite à point par le soleil écrasant australien [il vient d’être dit chondrichtyens mais nous n’allons pas vous la refaire, vous savez à quoi vous en tenir avec ornithorynque].


 
Mario est sur Aussie Island !

 
Turquoise Bay
  
 On n’est pas bien là ? Détendu du gland…

  
« L’Australie… Oh non pas encore ! 

  
- Qu’est-ce tu veux … C’est le jeu ma pov’ Lucette ! »

  
Instant Kodak
 
 
La tortue se lutte

     Lorsque le soleil se couche, nous trouvons un endroit où arrêter le van et poser la tente en pleine nature où de nombreuses termitières parsèment le paysage du parc. Les nuits sont chaudes et étoilées près de la mer. Il est agréable de se poser devant l’océan en admirant les reflets argentés de la lune sur les vagues. Des crabes, avec une pince disproportionnée, sont présents tout autour de notre campement et nous pouvons entendre leurs pinces s’entrechoquer dans le noir. Au matin, nous pouvons observer un grand nombre d’émeus et de kangourous qui se prélassent près de points d’eau et cherchant à tout le peu d’ombre que peuvent leur fournir les quelques arbres rabougris éparpillés de-ci de-là. En harmonie avec le décor environnant, on est posé pépère : no soucy, no problemo…

 
Termitière taille Pauline

 
Kangourou en action


Kangourous aux aguets

Emeus

2 commentaires:

  1. Bluffant les poteaux...
    Une narration fine et sans bavures qui me conforte dans l'intérêt d'une démarche similaire.
    Des références épatantes rendant le discours hautement intelligible et palpable...
    Bref bonne base d'un roman d'aventure riche et authentique par injections scientifiques vérifiables (sincèrement).
    Bisou et achetez de l'huile et de l'eau distillée...

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  2. référence, référence !!


    http://www.youtube.com/watch?v=DdLehwjV4pc&feature=fvsr

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