mardi

Keep on movin’ (14-23 déc. 2010)


   
 Karragullen, Western Australia state, Australia

 
South Perth


     Nous nous réveillons le dernier matin que nous voulons passer à Cape Range National Park au bord de l’Océan Indien, dans le camp de Lake Side. La bonne humeur et la décontraction sont au rendez-vous. C’est plutôt du genre : « On déambule, on fait des bulles pendant qu’on plonge comme des éponges sous l’Océan… Sous l’Océan ». Sous l’Océan, Guillaume et Quentin décident justement d’y retourner, une dernière fois, profitant des bonnes choses dont il est bon d’abuser. Les fonds marins nous appellent tel le chant irrésistible des sirènes : « Regarde bien le monde qui t’entoure dans l’océan parfumé… On fait carnaval tous les jours, mieux tu ne pourras pas trouver !». Nous voulons surtout revoir des raies et il y en a de nombreuses, de la plus grosse espèce qu’on ait pu observer, justement au large de cette plage. Après avoir palmés quelques minutes pour arriver près de la zone à raies (pas de blagues douteuses s’il-vous-plaît !), nous avons la chance de nager un bon moment avec l’une d’entre elles. Enivrés par le spectacle, nous continuons nos observations sous-marines lorsque nous apercevons un poisson-pierre. C’est une magnifique espèce, noire et blanche, sertie d’appendices en piques et en forme d’algues. Il est caché dans une roche corallienne. Guillaume essaye alors de s’en approcher pour l’observer de plus près. Seulement, le poisson, lui, n’aime pas les observateurs trop curieux et se défend légitimement en piquant l’intrus à la main. Aux bouts des doigts pour être précis. Rapidement la main toute entière devient douloureuse et s’engourdie. Guillaume doit regagner le bord rapidement, suivi de près par Quentin qui a assisté à la scène, sur plusieurs dizaines de mètres. Arrivé sur la plage, la main de Guillaume, complètement paralysée, commence à gonfler légèrement. Pas une seconde à perde. Nous filons au point d’information pour en apprendre plus sur les piqures de ce poisson. Le seul renseignement qu’on obtient là est que la meilleure chose à faire, est de se rendre à l’hôpital d’Exmouth, à 60 km de là. Tant pis, Quentin est resté sur la plage avec les affaires posées en vrac sur le sable. Pauline saute au volant du van, direction l’hôpital.


     Assis face à la mer, Quentin se perd dans des réflexions sur l’importance de la piqure qu’a reçue Guillaume (est-ce du même ordre qu’une piqure de vive ?) lorsqu’une jeune femme vient lui adresser la parole. Elle a vu la scène au loin et comprenant que nous étions français comme elle, vient s’enquérir des nouvelles et apporter son aide si besoin. Quentin lui explique ce qu’il s’est passé et qu’il aimerait aller au point d’information pour avoir de plus amples informations. Ca tombe bien, elle possède une voiture et veut également se rendre là-bas pour acheter des jumelles car elle ne voit plus son homme dans l’eau ! Arrivé là-bas, Quentin s’informe auprès de l’hôtesse d’accueil si elle n’aurait pas vu deux personnes dont une qui aurait été piquée par un poisson. L’hôtesse les a effectivement bien vus et leur a conseillé d’aller à l’hôpital le plus proche. Elle n’en sait pas plus… Bon pas besoin de paniquer, il suffit de rester cool comme Fonzie. Pour patienter, Quentin repart à la plage avec Camille – c’est son nom - qui va scruter le retour du dénommé Julien. On en profite pour discuter de nos voyages respectifs. Etant donné qu’ils ont commencé par le Nord de l’Australie et principalement toute la zone de Darwin, des informations sur les lieux à voir et les choses à faire peuvent servir. Autant faire passer le temps en glanant des renseignements intéressants. Camille donne en plus l’adresse mail d’un vieil homme qui habite près de Darwin si nous sommes intéressés par le woofing (aide à la personne en échange du gîte et du couvert). Apparemment, le type est super accueillant et il leur a fait découvrir un tas de choses dans le coin. A voir. La conversation dérive un moment autour des tortues de mer. Camille apprend à Quentin que des tortues viennent pondre leurs œufs en cette période durant la nuit sur certaines plages du parc national et qu’il serait tentant d’aller les observer. La conversation s’arrête net car c’est à ce moment précis que choisit Julien, le petit ami, pour sortir de l’eau. Préférant les laisser tranquille, Quentin décide d’aller patienter plus loin.

            Arrivé aux urgences de l’hôpital d’Exmouth (parfaitement fléché, comme tout ici en Australie d’ailleurs, il est bon de le faire remarquer), Guillaume enserre son poignet et tient sa main levée. Elle est maintenant si gonflée qu’il lui est impossible de fléchir les doigts piqués et la douleur, comme une compression violente et incessante, s’étend, atteint maintenant toute la paume et se dirige progressivement vers le bras. (« J’ai beau être matinal… J’ai mal »). Il décrit alors en quelque mots la situation aux femmes de l’accueil, essaie de leur faire comprendre que les crispations de son visage ne sont pas un effet comique ou volontaire mais bien les conséquences de la douleur et qu’il apprécierait être soigné rapidement. Ce à quoi les secrétaires répondent, impassibles : « Bien sûr, veuillez remplir ce formulaire ». On a bien envie de les gicler, de leur faire une tête ça-comme et de leur dire : « Je remplirai pas ce papelard, ni pour vous, ni pour n’importe qui !! ». Cependant, Pauline prend la situation en main et appose les informations demandée à la place de Guillaume pendant que celui-ci se fait guider vers une pièce adjacente. Là, une infirmière lui pose quelques questions de routine puis s’en va en lui disant que le médecin « ne va pas tarder ». Le médecin tarda. Une fois arrivé, il prend soin de reposer les mêmes questions : « c’était un poisson alors ? Hum … Un poisson comment ?». Puis il part, sans un mot de plus. Il revient une demi-heure plus tard, avec à la main une fiche détaillant les caractéristiques du poisson-pierre. Il sait donc quoi faire. Ouf ! ce n’est pas dangereux comme venin, tant que le nombre de piqûres est faible (ici seulement deuuuuuuuuuuuuuuuuaaaaaaargh, amis catcheurs…). Le meilleur remède serait un anti-venin développé spécialement pour cette espèce. Le médecin en a conscience et demande alors si Guillaume en a. La réponse est évidemment négative, ce qui l’amène à dire le plus simplement du monde : « Mince, nous non plus » Quoi ??? Restons calme. Le médecin prescrit deux painkillers et une bassine d’eau chaude afin de diluer le poison. La douleur diminue et devient petit à petit plus supportable. 


 Gomu gomu no Gigant Pistol !!

     De son côté, Quentin est pris le cul entre deux chaises. Ca fait déjà près de 3h qu’ils sont partis. Faut-il ou non bouger ? Choix cornélien s’il en est. Le risque principal est de se louper et sans portable pour se prévenir (de toute façon dans le coin ça ne capte pas), les choses peuvent s’empirer. En même temps, il est possible aussi que Guillaume soit dans l’incapacité totale de conduire et Pauline, n’ayant pas son permis international, n’ose peut-être pas revenir et compte sur le fait que Quentin aille les rejoindre par ses propres moyens. Trêve de suppositions stériles, la balance penche finalement en faveur de l’action. A quoi bon rester poireauter là sans rien faire. D’autant plus que le temps anormalement long qui s’est écoulé depuis fait germer dans la tête toutes sortes d’histoires improbables et morbides mais qui sur le coup paraissent plausibles ! Quand faut y aller, faut y aller ! Soudain surgit une idée lumineuse. Quentin prend de nouveau la direction du point d’information avec son idée fixe. Il demande à l’hôtesse d’accueil de prévenir l’hôpital d’Exmouth que Guillaume et Pauline doivent rester où ils sont et que c’est lui qui viendra à eux. Sur le papier ça a l’air simple mais faut-il encore être pris en stop. Et c’est pas gagné avec le très peu de voitures qui circulent dans le coin. Heureusement, un homme juste à côté à tout entendu et propose de jouer les bons samaritains. Hop ! on saute dans son pick-up et on ne perd pas de temps. Le type s’avère être extrêmement sympathique et marrant par-dessus le marché. La conversation s’enclenche ainsi rapidement d’autant plus vite qu’il possède un très bon niveau de français. Pendant les 45min que dure le trajet, divers sujets sont abordés comme la France, la faune sauvage australienne, la saison de pluies dans le Nord, la plongée sous-marine, etc. Le truc amusant c’est que chacun parle dans la langue de l’autre et ça passe tout seul. Enfin, l’hôpital est en vue. Après avoir été déposé, Quentin remercie fortement le gars qui a bien voulu faire 120 km (aller-retour) pour aider un inconnu sans hésiter une seconde alors qu’il avait surement d’autres choses à faire. Encore une démonstration de " l’Australian way of life " où les gens rendent service naturellement. Pour lui c’est normal et il gratifie juste Quentin d’un « No worries » typiquement australien avant de repartir. Ce-dernier débarque donc enfin à l’hôpital et retrouve Pauline et Guillaume en salle d’attente. Finalement, quatre heures après être entré aux urgences, Guillaume peut enfin en sortir. Sa main restera gonflée pendant trois jours, ses doigts une semaine de plus, avant qu’il ne puisse les plier à nouveau. Mais tout est bien qui finit bien.
            Ce petit contretemps nous amène à rester une soirée de plus dans le parc national et nous saisissons l’occasion pour aller observer les tortues de nuit, sur la plage de Jurabi. Cette nuit-là, nous pouvons observer un énorme orage regroupé au-dessus de l’océan, à des encablures de là. Le ciel est étoilé au-dessus de nous mais nous pouvons parfaitement voir les éclairs tordus s’embraser dans la masse nuageuse et éclairer l’Océan de ses lueurs électriques. Le spectacle est déjà magique et nous n’avons pas encore atteint la plage. Le plus fou reste à venir. A peine avons-nous posé le pied sur le sable, un groupe de personne nous fait silencieusement signe de ne pas faire de bruit : une tortue est à quelques centimètres de nous. Eclairée par la clarté de la pleine lune, nous la distinguons parfaitement. Il s’agit certainement d’une tortue verte, bien plus imposante que celles avec lesquelles nous avons nagés auparavant (qui étaient vraisemblablement des tortues Hawksbill). Nous la regardons quelques instants, mais gênés par l’attroupement qui se forme autour de la pauvre future-maman, nous décidons de ne pas nous ajouter au nombre et d’aller plus loin sur la grève trouver d’autres de ces chéloniens. De nombreuses traces sont dessinées dans le sable, comme si on avait trainé hors de l’eau d’énormes rochers. Nous n’avons pas de mal à dénicher d’autres tortues qui ont atteint les dunes pour y choisir le lieu de ponte idéal. Nous nous asseyons et les observons, muets. Alors que dans l’eau elles apparaissent légères et agiles, sur le sable c’est une toute autre affaire. L’analogie avec l’Albatros de Baudelaire nous saute aux yeux. Cet animal massif (plus d’1m de long pour 150kg) majestueux dans son environnement se révèle gauche et veule en dehors. Ses membres en pagaies glissent sur le sable et la trainent à peine. Elle a l’air assoupie de qui doit accomplir une tâche sans le vouloir vraiment. Parfois, au milieu de sa progression, elle s’immobilise plusieurs minutes, comme si le sommeil l’avait rattrapée et qu’elle allait rester posée au milieu de la dune. Mais inexorablement la tortue reprend son effort et se hisse jusqu’à la partie haute de la plage afin d’y creuser un énorme trou. Ses membres expulsent le sable avec vigueur derrière elle afin de s’y enfoncer. Elle est indécise, reste un moment dans le premier cratère qu’elle a créé, avant de s’en extirper pour aller, quelques mètres plus loin, en former un autre. Le spectacle se répète de nombreuses fois, dans une lenteur qui commence à alourdir nos propres paupières. Sans discontinuer la tortue creuse, refuse son trou et recommence à coté. Cela est surement dû au fait que la température du lieu de ponte doit être exactement celle recherchée par l’animal afin d’y déposer ses œufs. La rencontre d’un obstacle dans le sable peut également motiver un changement d’emplacement. Enfin il se peut aussi que, dans la nuit seulement éclairée par la lune, nous n’ayons pas aperçu effectivement la ponte. Toujours est-il, nous observons le premier chélonien repartir vers les flots après quelques heures d’observation. Nous repartons alors et passons auprès de plusieurs autres de ces femelles venues, toutes au même moment, enterrer leur œufs sous le sable. Nous les observons toutes, les unes après les autres. Toutefois nous avons peur d’entraver le cours normal de leurs pontes. Nous décidons alors qu’il serait préférable de les abandonnons à leur tâche. Nous sommes conscients de laisser derrière nous un moment unique et inattendu.

Kowabunga

     Nous redescendons le lendemain vers le Sud, en-dessous de Perth où de grandes forêts tempérées (rain forest) nous attendent. Volume à fond et du bon Bob Marley dans les oreilles, nous faisons le trajet d’une traite en quatre jours de conduite avec un relai des pilotes digne des 24 heures du Mans. Nous croisons, à un moment donné, une association du Western Australia qui installe des stands où le petit-déjeuner est servi gratuitement le long de la route que nous empruntons. Au menu : café, jus de fruits, thé, lait frais (enfin du vrai et non un ersatz fait de poudre et d’eau que nous utilisons depuis le début de notre voyage !) et gâteau. Le but de la manœuvre est de réveiller ou plutôt d’empêcher les chauffeurs de s’endormir au volant le long de cette Highway très fréquentée. Idée bien sympa d’autant plus que l’équipe est accueillante et souriante. Arrivés dans le milieu forestier qui compose la pointe Sud du Western Australia, nous ressentons un temps plus froid et plus humide. Les routes deviennent également plus sinueuses et vallonnées lorsque nous nous enfonçons dans de gigantesques forêts d’eucalyptus. Le décor aidant, les chants exotiques des oiseaux et avec un brin d’imagination, nous nous croyons dans Jurassik Park, près à voir surgir des bois à tout moment un de ces dinosaures à la carrure imposante. Notre destination finale est Walpole-Nornalup National Park où nous comptons faire la Valley of Giants  Pardon ? – La Valley of Giants ! – La quoi ? La Valley of Giants. Bah la Vallée des Géants... – Ah la Valley of Giants ! »), qui comporte une marche sur un pont suspendu à travers la canopée de la forêt pluvieuse. Quant au trajet pour y arriver, il importe peu. Nous nous laissons juste guider par notre intuition au gré de nos envies. C’est ainsi que nous décidons de faire un détour pour voir ce qui se cache derrière le panneau Diamond Tree. Notre curiosité s’avère payante puisqu’en n’arrivant là-bas, nous faisons face à un arbre de plus de 50m de haut sur lequel trône une cabane en bois ! Des regards suffisent pour se comprendre. Ni une ni deux, nous nous attaquons à l’ascension de "l’arbre de diamant" pour atteindre en son sommet cette demeure qui sera notre demeure l’espace de quelques instants. 5om plus haut et 15min plus tard, nous avons accès à la magnifique vue qu’offre la cabane. Nous pouvons voir au loin les plaines verdoyantes, nous observons les oiseaux posés à la cime des arbres environnants et puis sommes pris de vertige par la hauteur hallucinante de cet arbre peu commun.

J'ai pas de permis et je regarde pas la route quand je conduis !


L'arbre de diamant

 
Dans le diamant !

     Le soir, nous décidons de nous arrêter et de poser notre tente aux abords de la forêt dans un lieu qui nous semble paisible. Seuls les chants, façon cri de singe, des kookaburras au crépuscule viennent troubler le silence sylvestre. Nous nous apercevons le lendemain matin que nous sommes sur le Bibulmun track, sentier de randonnée de plus de 1000 km ! Le nom marrant du sentier et le fait que son symbole soit un serpent - ce qui dans notre délire nous amène à la conclusion que c’est évidemment " La route du serpent " pour se rendre chez maitre Kaïo - nous donnent envie d’en faire un bout à pied (il s’avéra que même les autres lieux que nous avons visité dans le coin par la suite sont traversés par ce sentier sans que nous le sachions !). La marche que nous faisons nous emmène au cœur de la forêt où se trouve, paraît-il, le "Giant Tingle Tree". Nous progressons dans un environnement où tout semble démesuré et inhabituel. Des souches immenses jonchent par endroit le sol, des escargots carnivores peuplent les lieux, certains champignons sont durs comme le bois, des arbres possèdent une forme biscornue au style très burtonnien sur les troncs desquels nous apercevons les traits de visages ridés, déformés par les ans qui semblent nous sourirent pour mieux nous perdre dans le labyrinthe de leurs bois. Le ciel est caché par la canopée située plusieurs dizaines de mètres plus haut ... En ce lieu, nous sommes les lilliputiens de chez Swift. Après une heure de marche, nous atteignons le fameux  "Giant Tingle Tree". Le tronc creusé du vieil Ent nous domine largement quand nous pénétrons à l’intérieur, le moment d’une photo souvenir en sa compagnie. Nous allons le lendemain nous balader dans la Valley of Giants, où nous empruntons le pont suspendu. Marcher sur ce pont, légèrement balloté par notre poids, pendant plus de 600m et à près de 40m de haut nous impressionne fortement. 


Ouh ! un doughnut !



Un pote à Sylvebarbe


Instant Kodak 2


 Pont suspendu

Lâchez ces pierres docteur Jones ! Elles ne sont pas perdues mais vous vous l'êtes ! mouhahaha !

     Nous remontons vers le Nord en nous dirigeant vers Margaret River, ville touristique à l’embouchure de la rivière du même nom, qui allie mieux qu’aucune autre ville australienne, grands domaines viticoles et bons spots de surf. Nous allons faire un tour sur une de ces plages, observer les riders de la vague qui, à l’instar de Patrick Swayze, passent bien plus de temps à les attendre qu’à les surfer. Bien sûr, la critique est facile pour qui n’essaye pas le moindre take off, s’exposant de cette façon à aucun wipeout déshonorant (et puis le vent était off shore alors, évidemment …). Sur la route du retour, il nous semble l’espace d’un court instant voir une lumière aveuglante … puis nous observons un panneau de limitation à 70 km/h … coup d’œil rapide au compteur … et galère ! 20 km/h d’excès de vitesse. Nous ne savons même pas où va être envoyée l’amende (sûrement à notre boîte postale à Melbourne mais nous ne sommes pas près d’y retourner !) et nous craignons d’être majorés répétitivement si nous ne trouvons pas le moyen de la récupérer. Nous prenons alors la décision et faire demi-tour et d’aller nous adresser directement aux poulagas. Nous nous garons juste à côté de la voiture d’un homme qui, à notre grande surprise, n’est pas policier mais un simple employé chargé de prendre les photos. Installé confortablement dans son 4x4 aux cotés d’un ordinateur et d’un système numérique compliqué, il nous explique qu’il ne sait rien de la procédure, que le mieux à faire pour nous c’est de regarder les papiers qu’on a signé à l’achat du véhicule, de ralentir et « de ne pas nous inquiéter » … C’est ça ! Nous n’allons pas nous laisser abattre (et puis ce n’est pas non plus comme si c’était notre première amende pour infraction en Australie) alors nous continuons notre visite des environs en nous rendant au sommet d’une falaise offrant un point de vue sur toute la côte de Margaret River. La chance nous souriant avec insolence, nous avons le bonheur d’observer des baleines à bosse passer au large et sauter au-dessus des flots pour retomber dans des gerbes d’eau impressionnantes. Nous restons ébahis devant le spectacle et observons les cétacés s’élancer hors de l’eau jusqu’à ce qu’ils s’en aillent. 

From dusk till dawn

 Conspicuous cliff

  
 

Embouchure de la Margaret River

 
Vignes (foutrement hautes sur pied, soi dit en passant)


     Sur cette plaisante note finale, nous quittons définitivement le Sud pour remonter vers Rockingham où nous avions, trois semaines plus tôt, réservé une croisière afin d’observer des dauphins, des pingouins et des lions de mers. Nous embarquons donc, au petit matin, sur une première embarcation afin d’aller observer des dauphins près des côtes. Nous n’avons aucun mal à trouver une colonie, les ailerons perçant régulièrement la surface. Les dauphins nagent autour du bateau, parfois même au-dessous. C’est dans une autre ambiance que celle de Monkey Mia, que nous les observons cette fois-ci. Ils sont dans leur milieu, en eau plus profonde et nagent où bon leur semble. Nous ne sommes plus que simple observateur, ignorés des cétacés que l’ont voit évoluer naturellement dans leur milieu. Au milieu de ces colonies vient soudain se mêler un lion de mer qui a quitté son île pour une séance de pêche. Les deux espèces semblent se côtoyer sans difficulté. Le pilote nous fait, par la même occasion, découvrir les endroits le plus beaux de la côte de Rockingham. De nombreuses concrétions calcaires sont plantées près du rivage et c’est le lieu idéal pour la reproduction des sternes, des pélicans, d’hirondelles dans de petites grottes où l’eau devient turquoise. Il en profite également pour pousser à fond le moteur du bateau et voir ce qu’il a dans le ventre. Et nous voilà en train de jouer les fous du volant sur l’eau, à faire des 360° et piquer à des pointes de vitesse ! 

 Pauline et Quentin



tin-tin-tin-tin-tin-tin-tin-tin
   
            Après la matinée passée à la recherche des dauphins, nous sommes débarqués sur Penguin Island où nous pouvons nous restaurer et aller assister à la séance de nourrissage d’un petit nombre de pingouin par les membres d’un centre. Il s’agit des mêmes pingouins que nous avions observés près de Melbourne, sur Philip Island. Nous pouvons les voir nager dans leur bassin, attraper leur poisson et se dandiner, malhabile, sur le sol autour de la piscine. En discutant avec une des animatrices, nous apprenons qu’ils font un suivi de l’espèce (monitoring) par baguage. Nous décidons d’aller déguster nos sandwichs sur une plage pour être tranquille au milieu des nombreux touristes venus observer eux aussi la faune locale. Cependant, le bord de mer est envahi par d’innombrables sternes (sternes crêtées, sternes caspiennes et sternes sooty) qui passent leur temps à brailler et à pêcher afin de ramener leurs prises aux poussins qui attendent sur le bord. Elles sont des centaines à s’être regrouper sur cette île où elles sont en sécurité pour nicher. La majorité des adultes préfèrent le larcin à la pêche et  prennent en chasse une de leur collègue ayant attrapé un poisson et à l’asséner de cris perçant en essayer de lui voler son repas. C’est donc au milieu d’une parade de haute voltige et d’une cacophonie stridente (« A moi ! A moi ! A moi ! ») que nous prenons notre repas. Cette île est exclusivement peuplée d’oiseaux marins mis à part une espèce de lézard, le King’s Shink, qui grouille  partout.





 Prise de bec



    L’après midi, nous embarquons sur un bateau dont le fond constitué de vitres nous permet d’observer le plancher marin (qui n’a rien d’abyssal : 8m de profondeur maximum dans la baie de Rockingham). Sous l’eau pousse en abondance des "herbes de mer" (ou seagrass), espèce végétale adaptée à ce milieu et qui constitue un abri pour une faune considérable. Le bateau se dirige progressivement vers l’île aux lions de mers. Nous ne débarquons pas sur ses rivages afin de ne pas déranger les animaux. Ils sont menacés et ont trouvé là un havre de paix qu’il convient de préserver. Nous pouvons quand même les observer à loisir, l’embarcation restant à quelques mètres seulement du bord de la plage où toute la colonie (près d’une vingtaine d’individus) est affalée sur le sable. Nous les observons remuer une nageoire et se faire rouler paresseusement, se dresser avec effort, faire quelques pas puis s’écrouler à nouveau, assoupis. L’un d’entre eux décide d’aller se baigner un court moment. Nous le voyons nager tranquillement, aussi habile dans l’eau qu’il est pataud sur la terre ferme. Deux autres encore se querellent et un face à face, tête et buste bien droits, a lieu. D’un coup, nous avons une petite idée de la puissance que peut posséder le lion de mer. Malgré son apparence débonnaire, il reste avant tout un animal sauvage. Parce qu’il est important de ne pas excessivement perturber l’habitat et le quotidien de ces animaux, nous nous éloignons de leur île et rentrons finalement à Penguin Island, après une longue journée durant laquelle une faune riche et diversifiée s’est offerte à nous. 






           
     Les trois semaines de vacances s’achèvent maintenant et nous n’avons pas vu le temps s’écouler. Les derniers grains restants servent pour raccompagner Pauline à l’aéroport où un vol à 6h du matin l’attend. Après cette nuit blanche qu’un petit-déjeuner peine à effacer, nous partons chez Angelo pour savoir s’il n’aurait pas encore du travail à nous proposer. A notre vue, il esquisse un vague mouvement de main en guise de salut et nous sort d’un ton laconique : « Back in town ». Yeah, apparemment il reste encore du taf dans les parages.

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