mardi

Go to bush (10- 18 janv. 2011)


        
Broome, Western Australia state, Australia


      Les dernières emplettes faites, le check up du van fait (la vétusté du véhicule nous oblige à mettre 4 litres d’huile dans le moteur tous les 5000 km !),  nous sommes fins prêts. « Le van à peine chargé, nous faisons  le plein de gasoil et de gasouze pour ne pas flancher. Voiture à ras du sol, nous sommes les derniers voyageurs qui décollent. Direction Perth le pied sur le plancher, jusqu’à Broome avec la voiture un peu penchée. ». Nous remontons à nouveau vers le Nord-ouest mais nous n’empruntons pas la même route. Au lieu de longer la mer, nous coupons à travers les terres plus ou moins désertiques du bush australien pour gagner du temps. Quel plaisir de retrouver les longues lignes droites de plusieurs dizaines de kilomètres ! Le ciel gardant la même apparence, nous avons l’impression de faire du surplace tandis qu’un tapis roulant fait défiler le paysage environnant à la manière de ce jeu de notre enfance où, volant en main, nous devions maintenir notre voiture sur une route bordée de sapins.

            Il sera difficile d’oublier notre première nuit de notre trajet à travers les régions les plus humides d’Australie. A peine au-dessus du 26ème parallèle, nous nous arrêtons un soir près d’un cours d’eau, ignorant du fait que, déjà dans cette région, les moustiques sont légions. Sous le coup d’innombrables piqûres, nous sommes poussés à regarder le film que nous avions choisi pour ce soir-là, Devil Story ou il était une fois le diable, dans notre van, dernier bastion isolé des armées volantes qui nous assaillent. Cependant, même le van est assiégé. Des dizaines de moustiques nous attendent sous les lampes du véhicule. Nous sonnons le clairon et leur déclarons la guerre. Mais nous ne pouvons venir à bout de tous les insectes. Nous abandonnons quand il n’en reste plus qu’une dizaine. La température est insupportable à l’intérieur du van mais il est hors de question d’ouvrir une fenêtre. Nous regardons alors ce chef d’œuvre du 7ème art dans une atmosphère étouffante, transpirant à grosses gouttes. Il ne vient à l’esprit, pour décrire notre situation ce soir-là, qu’une citation du film que nous regardions : « Aaaaaaaaaaaarggggggh… Aaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrgh… Mouaaaaaaarggghhhh… Aaaaaaaaaaaaah… Bweeuuuuuuuuurgh… Mouaaaaaargh... Aaaaaaaaaargh » ! Désormais d’un point de vue pratique, il nous faudra obéir à certains principes fondamentaux si nous ne voulons pas être tous les soirs dégoulinant de sueur et dévorés par les moustiques. Ces derniers se pointent à la nuit tombée, il faut donc que tout soit près et que nous soyons à l’intérieur avant l’heure fatidique. Même si cela veut dire à 19h (plus on se rapproche de l’équateur plus le soleil se couche tôt) ! Pour limiter au maximum la transpiration, nous ouvrons les fenêtres et le toit ouvrant du van. Nous installons ensuite une moustiquaire tout autour du véhicule pour se protéger des visiteurs indésirables tout en ayant le plus d’air possible. Pour le moment cela fonctionne bien malgré que par moment, lorsqu’il pleut, il faut se grouiller à mettre le contact au van pour fermer le toit ouvrant avant d’être trempés ! On s’habitue ainsi à vivre un bon nombre d’heures dans un endroit restreint qui se doit d’être le plus confortable possible (et ça marche) bien que nous ne pouvons enlever complètement l’effet "tipi de sudation" à l’intérieur.

 Newman et ces anciennes mines d'or

Bagarre de perroquets blancs

            Trois jours après notre départ de chez Angelo, nous faisons un détour par Karijini National Park qui se situe au beau milieu de nulle part dans les coins reculés du Western Australia (Etat qui compte deux millions d’habitants pour un territoire du même ordre de grandeur que l’Union européenne !). C’est l’un des parcs les plus glands d’Australie et il s’étend sur plus d’une centaine de milliers d’hectares. Le site renferme de nombreuses grottes, gorges et cascades atteignables que par un chemin non goudronné pour le moins chaotique et qui est sujet aux inondations. Les lieux sont par trop alléchants pour que nous n’empruntions pas le chemin (nous faisons du 25 km/h en moyenne !). Nous commençons notre visite par partir en mission spéléo dans les gorges de Waneo. Nous nous enfonçons de plus en plus profondément dans ce qui pourrait être l’antre d’une nymphe. Par moment notre progression ne peut plus se faire à même la roche alors nous avançons dans le cours d’eau qui nous arrive parfois au-dessus des épaules. Après une heure de marche, nous atteignons finalement notre graal. Kermite pool, trou d’eau au fin fond de la grotte où nous décidons de nous baigner. Durant deux jours, nous faisons le tour de tout ce qu’il y a à voir avec un plaisir non dissimulé. Karijini restera très certainement l’un des parcs les plus marquants, par son paysage assez unique, que nous aurons fait en Australie. Nous terminons notre séjour par faire un tour du côté d’une des plus belles cascades du parc. Nous nous adonnons dans ce lieu paradisiaque au plaisir de l’oisiveté en combinant nage et détente sous la cascade.

 Goanna







 Kermit's pool

 
Deepthroat !

Cascade au pied de laquelle on s'est baignés


            L’autre particularité de ce parc, c’est qu’il se trouve en pleine région des orages et des cyclones ! Tous les soirs, nous avons le droit à une séance privée du déchainement céleste. Unbefuckinlievable ! La foudre frappe le sol dans toutes les directions cardinales durant plusieurs heures tandis que le tonnerre est par moment assourdissant. Bien allongée et à notre aise dans notre cocon de ferrailles, nous observons le spectacle à loisir. En reprenant la route qui mène à Broome, elle offre, sur près d’un millier de kilomètres, un paysage attrayant. Nous sommes entourés, principalement au début, par des surélévations rocheuses que nous traversons en les serpentant. Et puis surtout, la végétation reprend ses droits. A nouveau, de l’herbe et des arbres réapparaissent en nombre même sur les flancs des collines donnant à certains moments une ambiance auvergnasse. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu autant de vert, ce qui n’est pas pour nous déplaire. A mi-parcours, nous rejoignons la côte ouest que nous longeons tout du long. Il n’y a guère non plus d’habitations dans le coin mis à par la ville portuaire de Port Hedland qui en été semble tourner au ralenti. 

Averses en approche


            Arrivés en fin de matinée à Broome, nous décidons de profiter de cette journée ensoleillée à Cable Beach, plage australienne célèbre pour sa beauté et ses vagues. .Il faut néanmoins faire attention dans l’eau car nous nous trouvons au début de la période de proliférations des jellyfish, méduses microscopiques qui peuvent par leur venin empêcher la respiration et entraîner la mort par asphyxie. Etant donné qu’un nombre conséquent de surfers et de baigneurs sont à l’eau, nous n’hésitons pas à aller nous jeter à la mer pour profiter encore un peu de l’Océan Indien. Au bout de la plage, se trouve Gantheaume Point, qui à l’extrémité de sa pointe est surmonté de petites falaises de couleur ocre. Ce coin est vraiment agréable à l’œil et il est plaisant d’y prendre un petit-déjeuner improvisé sur la plage avant d’aller faire un footing matinal. Cet endroit abrite également des traces de dinosaures incrustées dans la roche que l’on peut apercevoir lors des grandes marées basses. Malheureusement pour nous, nous arrivons à la mauvaise période tout comme pour la possibilité d’observer un escalier imaginaire sortant de la mer qui mène jusqu’à la lune. Ce spectacle, qui est apparemment  extraordinaire, n’est visible que d’Avril à Octobre la nuit tombée. Etre à Broome, c’est aussi l’occasion de visiter le Crocodile Park du célèbre aventurier australien Malcolm Douglas (plus balaise encore que Crocodile Dundee c’est dire !). De nombreuses espèces de crocodiles et d’alligators sont présents : de Floride, d’eau douce, de mer (ce sont les plus gros et peuvent atteindre plus de 8 mètres de long !) etc. Ils sont de morphologies et de tailles très différentes. Certains d’entre eux sont tellement bien camouflés dans l’eau que nous ne les voyons à peine. Seule la moitié de leur tête dépasse. Leurs narines, leurs yeux et leurs oreilles sont situés à la même hauteur juste au-dessus de la ligne de flottaison. Ainsi, ils sont capables de détecter avec une facilité déconcertante les mouvements que peut produire n’importe quel animal à la surface de l’eau ou bien sur terre. A un moment donné, un crocodile situé à quelques mètres de nous de l’autre côté du point d’eau nous a entendu marcher. Tout de suite après, il s’est remis dans l’eau grâce à sa queue qui est son muscle principal pour se mouvoir (elle fait la moitié de son corps pour un tiers de son poids)  et nous a foncé dessus en un rien de temps. Vraiment très impressionnant.

 
Petit dèj sur la plage



Alligator de Floride


 
Crocodile de mer



            Nous assistons ensuite au nourrissage des sauriens par un type ayant une dégaine et des faux airs de Bob, le chasseur de vélociraptors dans Jurassik Park. Au menu : poulets crus ! Nous somme étonnés de voir à quel point les crocodiles sont capables de se relever sur leurs deux pattes postérieures et d’esquisser une sorte de "saut". Le bruit de la mâchoire qui se referme sur un « clap » retentissant fait froid dans le dos. Et ce n’est pas leurs dents acérés comme des pointes de couteaux et leurs regards de tueurs qui arrangent les choses. Les voir en action nous fait prendre conscience, si ce n’était pas encore fait, qu’il ne faudra pas trop blaguer dans les zones à risques avec ce genre de prédateurs. Les crocodiles australiens (surtout ceux de mer) ont un comportement territorial très prononcé, c'est-à-dire qu’ils deviennent très agressifs une fois que l’on pénètre dans leur zone vitale. De plus, les femelles sont en pleine période de pontes ce qui les rend d’autant plus agressives lorsque l’on passe trop près de leur "nid". D’ailleurs en passant tout près de l’un d’eux, une femelle nous a attaqué malgré le grillage ce qui nous a fait quelque peu sursauter ! Nous terminons la visite par aller voir les jeunes crocodiles et nous ne pouvons résister à l’envie d’en prendre un dans nos mains. Même jeunes, les crocodiles sont très vivaces et il ne faut pas avoir peur de bien les tenir par le cou et le début de la queue !

Bob le chasseur de crocs

 
Sacré Malcolm va !


           Pour notre dernier jour dans la ville, nous déambulons l’après-midi dans le quartier de Chinatown qui n’a d’asiatique que le nom. Au moins, c’est l’occasion de prendre une bonne bière bien fraîche sous cette chaleur assommante avant d’aller se poser sur la plage en fin de journée. Après un magnifique dernier coucher de soleil, il est temps pour nous de reprendre la route et de nous diriger vers la contrée du Northern Territory afin d’atteindre la fameuse ville de Darwin. C’est là-bas que les pluies sont généralement les plus abondantes, surtout lorsque l’on décide d’y aller en pleine saison des pluies (400 mm de précipitations en moyenne rien qu’au mois de janvier) ! Amis de l’aventure, l’aventure nous appelle !

Coucher de soleil à Cable Beach

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